Chroniques de la vie (et de la mort) au village durant le XIXème siècle

En ce temps là, Monsieur, la Tranquillité Publique n’était pas un vain mot…

«Le maire de la commune de Saint-Symphorien considérant qu’un règlement de police est nécessaire pour assurer la tranquillité dans la commune ; 

Vu l’article 2 du titre onzième de la loi du 24 août 1790 ; 

Arrêté : 

1. Défenses sont faites aux aubergistes, cabaretiers, vendeurs de genièvre et autres liqueurs de tolérer chez eux sous aucun prétexte quelque individu que ce soit et aux habitants de se trouver dans les auberges, cabarets ou tavernes après la cloche de retraite qui sonnera à neuf heures du soir depuis le premier octobre jusqu’au trente avril inclusivement et à dix heures du soir du premier mai jusqu’au trente septembre inclusivement ; 
2. Aucun aubergiste ou cabaretier ne pourra prétexter d’avoir des parents ou d’autres individus à loger s’il n’a pas inscrit sur un registre destiné à cet usage leurs noms, prénoms, profession ou qualité dont il devra remettre une note au secrétariat de la commune ; 
3. On ne pourra donner à danser en aucun temps dans les cabarets, soit sur les places publiques sans en avoir reçu la permission de la Mairie ; 
4. Il est expressément recommandé aux dits aubergistes, cabaretiers de ne point délivrer de la bière, liqueurs ou autres boissons pendant la célébration des services divins, aux habitants de ne point fréquenter les cabarets pendant l’exercice du culte afin que les cérémonies religieuses ne soient aucunement interrompues, conformément aux lois qui y sont relatives ; 
5. Aucun chien ne peut être amené sur les lieux consacrés au culte ; 
6. Tous jeux sont défendus pendant la célébration des dits offices ; 
7. On ne pourra tirer dans les processions ou autres cérémonies publiques qu’à une distance de trente mètres de maisons couvertes de pailles, de meules de grains ou autres natures combustibles ou fumer dans les granges, écuries, les lieux où l’on travaille le lin, ainsi que le long des chemins et sentiers pratiqués dans l’enclos de la Commune ; 
8. Après la retraite, toutes les échelles devront être remisées dans les habitations ou cours fermées, ou attachées avec des cadenas sur chaînes ; 
9. Tout individu qui sans respect pour les autorités et sans égards pour les concitoyens se permettrait de troubler d’une manière quelconque le repos des habitants sera arrêté par le garde-champêtre ou patrouille et conduit provisoirement à la chambre de dépôt ; 
10. Il est défendu à toute personne de jeter vis-à-vis de sa maison, grange, aucun objet capable de gêner la voie publique ou d’altérer la santé de ses habitants ; 
11. Toute bête morte sera enfouie par le propriétaire dans les lieux et profondeur indiqués par les lois ; 
12. Il est défendu à toute personne de dégrader la place publique en la traversant avec chariot, charrette ou autrement. Les pères et mères et tuteurs seront civilement responsables des délits commis par leurs enfants ou pupilles ; 
13. Tout négociant ou marchand qui sera reconnu avoir chez lui des faux poids et mesures sera poursuivi suivant la rigueur des lois ; 
14. Chaque contravention aux dispositions des articles précédents sera punie d’une amende de trois jours de travail, sans préjudice des poursuites à diriger par les tribunaux supérieurs le cas échéant. 

Le présent arrêté sera soumis à l’approbation de Monsieur le Préfet, publié, affiché au besoin. Des exemplaires en seront transmis à la brigade de Gendarmerie dans le ressort de laquelle est Saint-Symphorien et au garde-champêtre chargé de prêter la main à son exécution. Un exemplaire sera également adressé au juge de paix du canton. 

Saint-Symphorien, le 17 mars 1808
Signé : MARCQ, maire

Vu et approuvé par Monsieur le Préfet du département de Jemappes ; 
Mons, le 24 mars 1808 

A été signé pour le Préfet par autorisation : le secrétaire général de la Préfecture, LAVALEE.»  

[Source : J. DEMULLANDER, Saint-Symphorien, Emeraude du Hainaut.]

Almanach symphorinois

– 1813 : le sieur Ignace de Sébille est nommé Maire ; le village compte 724 habitants, 

– 1814 : passage de Son Altesse Royale le Prince d’Orange. Grande fête à cette occasion avec mobilisation de carillonneurs et sonneurs. Construction d’une fausse porte d’entrée du village en guise d’arc de triomphe, 

– 1824 : construction de la maison communale et d’une école avec logement pour l’instituteur, une salle de délibération, un corps de garde et une prison ; le village compte 850 habitants, 

– 1842 : l’échevin d’Amprez et sa servante sont assassinés dans le parc du château, 

– 1853 : la fanfare locale voit le jour (cf.infra), 

– 1874 : découverte d’une distillerie clandestine ; décadence momentanée de la commune dont la population tombe en-dessous de 1000 habitants, 

– 1886 : autorisation est accordée à la Société des Phosphates Pluto de construire un chemin de fer sur une partie du chemin allant de Saint-Symphorien à Havré, 

– 1887 : le 17 décembre, inauguration de la ligne Nimy-Mons-St Symphorien du tram à vapeur (cf. supra), 

– 1889 : le 20 juin, Adolphe Latour est nommé garde-champêtre au traitement annuel de 700 francs plus un logement dans l’annexe de la maison communale et un jardin de deux ares environ, 

– 1889 : le 29 septembre, « la Société des Phosphates est déboutée de sa demande faite de déverser ses eaux dans le fossé Cerneau, ces eaux contenant de l’acide sulfurique nuisible à la santé des bestiaux qui vont s’y désaltérer » (extrait du procès-verbal du Conseil communal) – l’autorisation avait été initialement accordée en 1886, 

[source : idem]

©Texte de Bernard Detry

Les anciens transports

Vers 1880, onze exploitations de phosphate étaient en activité à la limite du village, dans les environs du Cerneau. Bientôt un chemin de fer à grande section les relia à la gare d’Obourg. Il y avait sept locomotives qui tiraient les wagons chargés du précieux phosphate extrait tant à ciel ouvert que de galeries souterraines. Parallèlement, le phosphate était transporté vers d’autres gares des environs par tombereaux à traction chevaline jusqu’en 1887. A cette époque, un tram vicinal à vapeur fut mis en service et un transport de voyageurs suivit tout aussitôt.

Tram à vapeur : ligne Nimy-Mons-St Symphorien 1887

Le 17 décembre 1887 voyait l’inauguration de la section Nimy-Mons-St-Symphorien. La ligne sortait de Mons par l’avenue Astrid, puis passait par Saint-Fiacre, bifurquait pour suivre la chaussée du Roeulx jusqu’à la hauteur du Chemin d’Obourg. Là le tram à vapeur obliquait à droite et grimpant à travers champs rejoignait l’arrêt de « la Crèmerie ». Ce détour évitait l’ascension de la côte « Labor » (au niveau de l’actuel magasin Colruyt) jugée trop rigoureuse. Les voies s’arrêtaient à Saint-Symphorien « Terminus », soit à la sortie du village en direction de Binche.

Les exploitations de phosphate étaient toutes reliées à cette ligne. La ligne sera par ailleurs prolongée via Maisières jusqu’à Casteau le 8 juin 1889. Le trafic fut intense pendant 25 ans. 

Au cours de la première guerre mondiale, la section Mons-St Symphorien fut démontée par ordre de l’occupant allemand et ne fut reconstruite qu’en août 1920. La liaison Nimy-St Symphorien recommença et dès le 12 novembre 1923 s’étendit jusque Bray Station. 

Le bon vieux tram à vapeur rendra son dernier halètement une veille de Noël : ce fut, en effet, le 24 décembre 1930 que la première motrice électrique reprit le relais pour une trentaine d’années.

Après quoi, les rails disparurent une nouvelle fois et définitivement, cédant le pas aux autobus plus efficaces mais tellement moins pittoresques… 

[source : J. Demullander : Saint-Symphorien « Emeraude du Hainaut. »]

©Texte de Bernard Detry

Les stèles du cimetière de l’église

Vue sur les stèles 4, 5, 6, 7, 8 et 9.

Disposition des stèles :

Au début de l’ère chrétienne, nos ancêtres enterraient leur morts au pied des églises pour qu’ils soient protégés par Dieu et tous les Saints. Suivant des croyances ancestrales, les gallo-romains déjà créaient leurs cimetières à vue des habitations, pour mettre le cimetière sous la protection des dieux de la maison. Dans chaque paroisse, un cimetière était installé autour de l’église. 

Il est manifeste que de nombreuses stèles ont été déplacées notamment celles ancrées sur le mur d’enceinte de l’église. Elles datent des XVIII, XIX et XXème siècles. Remarquons que trois curés ( le terme pasteur est aussi employé) et trois bourgmestres ont été enterrés autour de l’église. 

R.I.P. Requiescat In Pace (qu’il repose en paix) D.O.M. Deo Optimo Maximo (Dieu très grand et très bon).Quelques épitaphes :

Stèle 1 : Ici repose le corps de Xavier-Joseph CLERFAYT en son temps bourgmestre de Saint-Symphorien décédé le 10 juillet 1869 à l’âge de … et celui de son épouse Marie Claire GICART son épouse décédée le 22 … 1838 à l’âge de … R.I.P. 

Stèle 2 : Ici repose le corps de Mr Albert-Chrysostome CLERFAYT, ingénieur des mines, bourgmestre de St Symphorien né à St Symphorien le 8 février 1889 et celui de Félicité DEQUESNE son épouse née à Casteau le 30 août 1827 et décédée à St Symphorien le 8 février 1904——R.I.P.——Et celui de Esther VAN GEERSDAELE épouse de Albert CLERFAYT née à Dampremy le 26 février 1865 et décédée à Mons le 26 novembre 1926. 

Stèle 3 : Ici reposent les corps de Albert-Xavier-Emmanuel CLERFAYT, président fondateur de la commission de lutte contre l’ankylostomiase du mineur, président de la commission médicale provinciale du Hainaut, né à St Symphorien le 18 février 1859 décédé à Mons le 16 mai 1946——Marie-Louise CLERFAYT née à Mons le 8 septembre 1893 y décédée le 1 décembre 1926——Nelly CLERFAY née à Mons le 2 novembre 1891 y décédée le 6 mars 1933——R.I.P. 

Stèle 4 : D.O.M.——Ici repose le corps de Louis-Joseph HACHEZ, né à Villereille-le-Sec le 20 février 1784 décédé à St Symphorien le 23 décembre 1862 et de Marie-Barbe LATTEIR, son épouse décédée au même lieu en février 1847 à l’âge de 74 ans.——R.I.P. 

Stèle 5 : A la mémoire de Monsieur A.J. SIRJACO pasteur de cette paroisse pendant 26 ans 1867-1893——R.I.P. 

Slèle 6 : D.O.M.——Ici repose le corps de Hydulphine Antoinette GABRIEL née le 30 octobre 1811 décédée le 18 juillet 1838. Bonne épouse, mère tendre, chrétienne accomplie. Elle fut l’exemple de toutes les vertus qui font chérir pendant la vie et laissent des regrets après la mort.——R.I.P. 

Stèle 7: D.O.M.——Ici repose le corps d’Antoine Joseph Denis TELLIER né à Elouges en 1806 décédé curé à St Symphorien le 10 mars 18.. après avoir accompli les fonctions de pasteur pendant 20 ans. A vous qui m’avez connu priez pensez à moi.——R.I.P. 

Stèle 8 : A la mémoire de Albert-Joseph GABRIEL né à Mons le 7 février 1807 décédé à St Symphorien le 7 mai 1879. Catherine Sophie MAHIEU son épouse née à Mons le 16 août 1826 y décédée le 2. juin 189. —– R.I.P. 

Stèle 10 : François MARCQ bourgmestre de St Symphorien né à Maurages le 10 août 1856 décédé à St Symphorien le 8 7bre 1903, son épouse Stéphanie Léandre HANNEQUART, née à Noirchain le 18 juin 1871 décédée à St Symphorien le 8 juin 1919.—–R.I.P. Christian MARCQ né à St Symphorien le 14 juin 1822 y décédé le 2 mars 1894, son épouse Rose DENEUFBOURG née à Maurage le 14 avril 1830 décédée à St Symphorien le xbre 1907. 

FAMILLE MARCQ – DENEUFBOURG 

Stéphanie Jeanne Rose MARCQ née à St Symphorien le 16 février 1900 décédée à Mons le 17 février 1930. Albert Norbert MARCQ ancien échevin de St Symphorien né dans cette commune le 24 janvier 1859 décédé à Mons le 4 juillet 1935. 

Stèle 11 : Ici repose abbé Hector LEROY né à Binche le 24 mars 1888 décédé à Binche le 14 janvie 1964 ordonné prêtre à la cathédrale de Tournai le 22 novembre 1914, curé de Ghislage 1935 à 1942, curé de Saint-Symphorien 1942 à 1961. Priez Dieu pour lui. 

Stèle 12 : A la mémoire de Paul Alex André DEPREZ, brasseur, décédé le 2 .bre 1851 âgé de 4. ans bon époux et bon père. Il est regretté de ses parents et de ses nombreux amis——Et de son épouse Adèle FRANCOIS décédée le … 1873 à l’âge de … ans——Et de … décédé le 6 7bre 1862 âgé de … ——R.I.P. 

Stèle 13 : D.O.M. [illisible – semble être une écriture et une langue étrangères.] 

Stèle 14 : Ici repose le corps de Mr. … décédé à St Symphorien le 10 février 1863 à l’âge de 52 ans. Il fut toujours bon époux et bon père et sera regretté toujours de ceux qui l’ont connu. 

Stèle 15 : D.O.M. —– Ici repose le corps de Mademoiselle Stéphanie DENEUFBOURG née à Maurage le … 182. et décédée à St Symphorien le … 188. —– R.I.P. 

Stèle 16 : D.O.M. —– Ici reposent les corps de Albert Florent Joseph Désiré MARCQ en son temps propriétaire à St-Symphorien décédé au dit lieu le 25 mai 1831 âgé de 69 ans. De Marie Alexis Félicité DERBAIS son épouse décédée au dit lieu le 21 février 1831 âgée de 72 ans. De Florent Alexis Albert Christian MARCQ 1790 – 1852 et son épouse Jeanne Marie CAMPION 1789 – 1876. De Albert Léopold Charles Pierres Guillaume MARCQ 1819 – 1858. Léopold Pierres Albert Félix MARCQ 1827 – 1878. Requiescant in pace. Amen. 

Stèle 19 : Ici gist le corps de Pierre PUTSAGE en son vivant censier à St Symphorien âgé de 88 ans et décédé le 4 mars 1788. Celui d’Anne Joseph DEPRET son épouse âgée de 73 ans décédée le 17 de may 1783. Requiescant in pace. 

NDLR : le défunt était né en 1700 et était censier càd propriétaire terrien ( le cens étant une sorte d’impôt foncier). En haut de la stèle figure une représentation d’une herse, symbole de l’agriculture (cf. 19 c).

©Texte de Bernard Detry