La fin des inhumations dans le cimetière autour de l’église.
La présente rubrique fait suite à celle consacrée aux stèles du cimetière de l’église (Chapitre Chroniques anciennes).
Suivant des croyances ancestrales, les gallo-romains déjà créaient leurs cimetières à vue des habitations afin de placer ceux-ci sous la protection des dieux de la maison.
Au début de l’ère chrétienne, nos ancêtres enterraient leur morts au pied d’édifices religieux pour qu’ils soient protégés par Dieu et tous les Saints.
L’inhumation dans les églises remonte au haut Moyen Âge.
Réservée, à l’origine, au haut clergé, elle fut ensuite accordée aux nobles assumant le financement de l’édifice religieux. Puis des paroissiens, bienfaiteurs de l’église, obtinrent la possibilité d’y avoir une tombe familiale. La sépulture dans l’église progressa dans la première moitié du XVIIème siècle. On s’efforçait d’obtenir un endroit où la dalle funéraire pourrait être mise en évidence, où elle serait vue de tous.
Pour les moins nantis, l’inhumation au cimetière entourant l’église paroissiale était gratuite. Là aussi, on recherchait les meilleures places : elles se situaient contre l’église et près de la croix, présence obligatoire au milieu du champ des morts.
Des voix s’élevèrent contre la pratique des enterrements dans l’église. Deux arguments importants furent avancés :
– le dallage dans l’église était sans cesse démonté et remis inégalement
– le manque d’hygiène évident d’une telle pratique en raison de la putréfaction des corps dans un endroit clos, à telle enseigne que l’on était parfois obligé de brûler de la résine et du soufre avant les offices pour dissiper les odeurs.
A la fin du XVIIIe siècle, les villes se développèrent davantage. Différentes épidémies sévirent et force fut de constater que les inhumations dans les églises et à l’intérieur des villes ne servaient pas la prévention des maladies.
Le décret de l’Empereur Joseph II d’Autriche du 26 juin 1784 interdit d’inhumer dans les églises et dans les villes et ordonna la suppression des cimetières dans l’enceinte des agglomérations . Toutefois, cette décision fut mal perçue et guère appliquée.
Il fallut attendre le 12 juin 1804 pour qu’un décret de Napoléon fixa des règles plus strictes à savoir :
– interdiction d’inhumer dans les églises et les cités,
– les cimetières devront être distants d’au moins 40 mètres à l’extérieur des remparts des villes,
– ils devront se situer sur des terrains élevés, battus des vents, si possible au nord, et être clos de murs de 2 mètres de haut,
– des plantations y seront introduites en vue d’assécher le terrain,
– les fosses ne pourront être reprises qu’après un délai minimum de 5 ans,
– les cimetières désaffectés resteront en l’état pendant au moins 5 ans, tout en restant accessibles à la population.
D’un texte intitulé « Souvenances » non daté ni signé (pouvant toutefois être de la main d’Arthur Durant), document figurant dans les archives de la famille Marcq, nous extrayons ce qui suit à propos des cimetières du village :
« Lors d’une inhumation dans le vieux cimetière, le spectacle était bien macabre et peu édifiant. Ce cimetière qui existait depuis l’existence du village n’était plus qu’un ossuaire. Le creusement des fosses se faisait dans des tas de débris d’ossements et de débris de cercueils et le peu de terre qui restait servait au fossoyeur pour cacher les crânes, les tibias et fémurs qu’il extrayait en nombre impressionnant. Peu de caveaux mais des places réservées aux familles. Une grande croix en bois cloué extérieurement au mur de l’abside du cœur est disparue, tombée par suite de vétusté. Elle n’a jamais été remplacée.
« La dernière inhumation fut celle de Hydulphine Putsage, décédée en février 1897, peu de temps par conséquent avant l’inauguration du nouveau cimetière puisqu’il fut inauguré le 1er mars 1897, après sa bénédiction faite par Mr le Chanoine Dumongh, doyen de Sainte-Elisabeth à Mons.
« Il n’était pas fait usage d’un corbillard, les corps étant portés sur une civière. Chose curieuse : le nouveau cimetière s’ouvrit pour un enterrement civil, celui de Gérard Mercier. »
©Texte de Bernard Detry