Le Saint Patron du village

Selon un récit des Actes des Martyrs (oeuvre du troisième quart du Ve siècle, donc largement postérieure à la mort de ce saint), Symphorien est né à Autun (Saône-et-Loire, Fr), autour de l’an 160, de parents nobles et chrétiens : Faustus et Angusta. Il reçoit une éducation chrétienne qui en fit un solide croyant. Sa grande intelligence lui permit de faire des études très sérieuses.

Mais voici que l’occupation romaine, par un édit de l’empereur Marc-Aurèle, fait annoncer publiquement que le christianisme était proscrit en Gaule, et que quiconque serait convaincu de ne pas adorer les dieux de l’empire, paierait de sa tête une audace regardée comme une rébellion et un sacrilège. Les chrétiens sont donc obligés de se cacher s’ils veulent continuer leur foi. 

Certains chrétiens sont découverts et mis à mort. Symphorien les admire. Il a environ 20 ans. Au mois d’août 180, une fête est organisée en l’honneur de Cybèle, la mère des dieux et déesse de la fécondité très vénérée à Autun. Symphorien refuse de se prosterner devant le char avec la statue de l’idole et se moque haut et fort de ce cortège de païens. Symphorien est aussitôt arrêté et traîné devant le tribunal du consulaire Héraclius, confesse sa foi chrétienne et refuse de rétracter. Il est flagellé et mis en prison. Après le délai légal, considérablement affaibli, il est de nouveau conduit au juge. Second interrogatoire; ni promesses ni menaces n’ébranlent le jeune homme, qui est finalement condamné à mort. Sa mère, du haut des remparts, l’exhorte à rester fidèle jusqu’au bout. Symphorien est amené hors de la ville et décapité le 22 août de l’an 180, d’où la célébration de sa fête ce jour-là. Mais la fête est supprimée dans le calendrier officiel de Rome depuis 1969.

Symphorien devint, au Ve siècle l’objet d’un culte important qui, pendant l’époque mérovingienne, s’étendait à toute la France, avant de gagner la Belgique et l’Allemagne. Saint Symphorien était considéré comme un saint national, à l’instar de St. Denis et de St. Privat. Sa basilique funéraire à Autun fut édifiée par l’évêque Euphrone (vers 450-490) sur le lieu du martyr. Elle fut desservie par une abbaye qui connut sa période de gloire et contribua à l’extension du culte du saint. St. Symphorien est encore vénéré dans beaucoup de cathédrales, églises et monastères en France, surtout dans le diocèse d’Autun. Une trentaine de communes de France portent son nom ! 

Comme St. Symphorien a donné sa vie plutôt que de renier sa foi, il est déclaré martyr par l’Eglise catholique: c’est pourquoi, comme tous les martyrs, il porte une palme dans sa main.

Le nom Symphorien (Simphorianus en latin) signifie « qui porte avec », c’est-à-dire « avantageux » ou « utile ». On ne connait qu’un autre saint du nom de Symphorien, martyr en Hongrie au IVème siècle.

Ingres – Le martyr de Saint-Symphorien – « Sa mère, du haut des remparts, l’exorte à rester fidèle jusqu’au bout ».
« Comme tous les martyrs, Saint-Symphorien porte une palme dans sa main. » 

©Texte de Bernard Detry

Les deux guerres mondiales : le cimetière militaire et l’odyssée d’un B-17.

Le cimetière militaire (1914-1918)

En 1914, les 23 et 24 août, le village fut le siège de combats qui opposèrent les troupes allemandes aux alliés anglais au cours de la bataille de Mons. M. Housiau de le Haye de Mons offrit un terrain à la limite de Saint-Symphorien et de Spiennes pour y enterrer 280 allemands et 190 anglais tombés au combat sur les territoires de Mons, Nimy, Maisières, Villers-Saint-Ghislain, Spienne, Hyon, Mesvin, Ciply, Bray et Saint-Symphorien. Tous les défunts devaient être traités de la même façon. C’est le 7 juillet 1917 que ce cimetière militaire fut inauguré en présence de l’Etat major allemand de la région ainsi que des autorités montoises. Pour des raisons de sécurité une zone neutre fut établie sur un kilomètre à la ronde.

De conception très artistique, l’endroit n’a absolument rien de lugubre.
Il a l’aspect d’un petit parc de plaisance, aimablement vallonné où l’on aime venir de temps en temps goûter un peu de quiétude.
Le lieu est entretenu avec le plus grand soin. Les centaines de glorieux soldats des deux armées, tombés au champ d’honneur y reposent à jamais en paix, côte à côte, comme un symbole de fraternité entre les peuples. 

[Source : J. DEMULLANDER, Saint-Symphorien, Emeraude du Hainaut.]
A quelques dizaines de mètres du cimetière le lieudit « La Grosse Borne », laquelle délimiterait les communes de Saint-Symphorien et de Spiennes.

L’odyssée du B-17

Le 4 mars 1944, un bombardier américain B-17 s’écrasait dans un champ de Saint-Symphorien, près du chemin d’Havré, arrachant au passage le toit d’une maison ! A son bord, personne… Mystère de la « forteresse fantôme ».

Touché par de tirs allemands au-dessus de la France, le bombardier a été abandonné par son équipage. La forteresse a, toutefois, poursuivi sa route à basse altitude se vidant peu à peu de son carburant pour aboutir en fin de course à Saint-Symphorien.  
Selon une autre version, l’avion aurait été abattu au dessus de l’Allemagne mais l’équipage n’aurait quitté l’appareil qu’au dessus du sol français. 
Grâce à M. NITSCHKE d’Obourg qui à l’époque prit les clichés peu après « l’atterrissage » et à M. RORIVE de Saint-Symphorien qui nous les a adressés, nous sommes en mesure de vous présenter les photographies authentiques du bombardier.

Le parcours final de l’avion a pu être reconstitué en traçant un axe passant sur la maison touchée et le lieu d’atterrissage.

Equipage recueilli par la Résistance. Bref, une issue heureuse …

©Texte de Bernard Detry

Introduction

Un martyr d’Autun (France) du deuxième siècle a donné son nom au village.

Des objets néolithiques et des substructures romaines attestent l’occupation ancienne du sol mais l’exploration historique ne nous permet de ne remonter avec certitude qu’au douzième siècle. A cette époque, l’autel et quelques terres appartenaient à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem appelé plus tard Ordre de Malte. En l’an 1177, l’évêque de Cambrai lui avait accordé les deux églises de Spiennes et de Vellereille ainsi que celle de Saint-Symphorien avec appendances et dépendances. L’ensemble formait ainsi une seigneurie (commanderie) sur laquelle le Commandeur de l’ordre de Malte avait droit de pleine justice. Il disposait de la chapelle, nomma un bailli, un maïeur, deux échevins et érigea un pilori sur la place publique.

Ancien sceau scabinal (ou de l’Echevin) symphorinois

Dès 1286, la seigneurie de l’Hôpital de Saint-Symphorien était siège de Commanderie de l’Ordre de Malte mais le village comportait d’autres seigneuries dont les plus puissantes étaient celles des Dames d’Epinlieu ainsi qu’une seigneurie laïque. Cette dernière était fief de la seigneurie d’Havré. Cette seigneurie principale passa au seizième siècle à la famille de Crohin, dont Philippe de Crohin était échevin de Mons. Après 1656, la seigneurie d’Havré passe à Jean de Boussie (ou Bousies), ensuite au prince de Rache, aux de Bernard, seigneurs d’Esquelmes qui la vendirent en 1708 à Jérôme-Aloïs ROBERT, écuyer et seigneur de Choisy. En septembre 1747, Louis XV, roi de France, octroya à la famille ROBERT le titre de baron de Saint-Symphorien. Cette noblesse locale dura jusqu’en 1876 date à laquelle Charles-Jules-Henri ROBERT, baron de Saint-Symphorien quitta le village pour sa terre de Baudour.

Une « carte héraldique » de 1572 dont l’original se trouve aux archives de l’Etat de Mons cite les armes suivantes pour Saint-Symphorien : Ecartelé d’argent et de gueules. En ce qui concerne les armoiries du village, voyez infra le chapitre Patrimoine.

Plus d’informations sur :  Les ordres religieux, les chevaliers, hommes de fief, seigneurs et nobles de Saint-Symphorien

Le nom du village évolua au cours des siècles. Le 11 mai 1410, le village reçut une charte-loi. C’est à partir du quinzième siècle que l’orthographe de son patronyme subit plusieurs modifications. L’initial Simphorianus fit d’abord place à Sanctus Forianus, puis devint Sainte Siphorien, Saint-Sinphoprien, Saint-Syphorien, Saint-Simphorian, Saint-Simphorien et en dernier lieu Saint-Symphorien. Notons qu’une trentaine de village français possèdent le même patronyme. Aucun autre en Belgique. Il convient toutefois de mentionner que le village de Saint-Séverin, près de Huy, dont la fondation remonte au onzième siècle autour d’une abbaye dépendant de l’ordre français de Cluny, s’appelait à l’origine Saint-Symphorien mais perdit ce nom au cours de l’histoire suite à une erreur semble-t-il.

Le village a toujours eu une vocation agricole. Au dix-neuvième siècle, « le chicon de Saint-Symphorien » était une spécialité de renom qui s’exportait jusqu’aux halles de Paris à telle enseigne que vers 1900, 1910 près de 60.000 kilos de chicons provenant du village étaient mis en vente annuellement. Il existait aussi une distillerie, une tuilerie, une fabrique de pipes, un moulin à vent, une fabrique de cartes à jouer et une blanchisserie de toile. Mais ce sont les onze exploitations de craies phosphatées qui apportèrent la prospérité au village à la fin du dix-neuvième siècle. Celles-ci disparurent après la deuxième guerre mondiale. 

Les limites du village avec Mons ont été modifiées par la loi du 14 décembre 1896. Saint-Symphorien est aujourd’hui l’un des villages authentiques que compte encore la périphérie montoise. Sa belle place ombragée et son église, encore entourée du vieux cimetière aux pierres tombales, valent le détour.

[ Sources : « Patrimoine monumental de la Belgique » Tome 4 – J. Demullander, Saint-Symphorien « Emeraude du Hainaut » ]

©Texte de Bernard Detry