Chroniques de la vie (et de la mort) au village durant le XIXème siècle

En ce temps là, Monsieur, la Tranquillité Publique n’était pas un vain mot…

«Le maire de la commune de Saint-Symphorien considérant qu’un règlement de police est nécessaire pour assurer la tranquillité dans la commune ; 

Vu l’article 2 du titre onzième de la loi du 24 août 1790 ; 

Arrêté : 

1. Défenses sont faites aux aubergistes, cabaretiers, vendeurs de genièvre et autres liqueurs de tolérer chez eux sous aucun prétexte quelque individu que ce soit et aux habitants de se trouver dans les auberges, cabarets ou tavernes après la cloche de retraite qui sonnera à neuf heures du soir depuis le premier octobre jusqu’au trente avril inclusivement et à dix heures du soir du premier mai jusqu’au trente septembre inclusivement ; 
2. Aucun aubergiste ou cabaretier ne pourra prétexter d’avoir des parents ou d’autres individus à loger s’il n’a pas inscrit sur un registre destiné à cet usage leurs noms, prénoms, profession ou qualité dont il devra remettre une note au secrétariat de la commune ; 
3. On ne pourra donner à danser en aucun temps dans les cabarets, soit sur les places publiques sans en avoir reçu la permission de la Mairie ; 
4. Il est expressément recommandé aux dits aubergistes, cabaretiers de ne point délivrer de la bière, liqueurs ou autres boissons pendant la célébration des services divins, aux habitants de ne point fréquenter les cabarets pendant l’exercice du culte afin que les cérémonies religieuses ne soient aucunement interrompues, conformément aux lois qui y sont relatives ; 
5. Aucun chien ne peut être amené sur les lieux consacrés au culte ; 
6. Tous jeux sont défendus pendant la célébration des dits offices ; 
7. On ne pourra tirer dans les processions ou autres cérémonies publiques qu’à une distance de trente mètres de maisons couvertes de pailles, de meules de grains ou autres natures combustibles ou fumer dans les granges, écuries, les lieux où l’on travaille le lin, ainsi que le long des chemins et sentiers pratiqués dans l’enclos de la Commune ; 
8. Après la retraite, toutes les échelles devront être remisées dans les habitations ou cours fermées, ou attachées avec des cadenas sur chaînes ; 
9. Tout individu qui sans respect pour les autorités et sans égards pour les concitoyens se permettrait de troubler d’une manière quelconque le repos des habitants sera arrêté par le garde-champêtre ou patrouille et conduit provisoirement à la chambre de dépôt ; 
10. Il est défendu à toute personne de jeter vis-à-vis de sa maison, grange, aucun objet capable de gêner la voie publique ou d’altérer la santé de ses habitants ; 
11. Toute bête morte sera enfouie par le propriétaire dans les lieux et profondeur indiqués par les lois ; 
12. Il est défendu à toute personne de dégrader la place publique en la traversant avec chariot, charrette ou autrement. Les pères et mères et tuteurs seront civilement responsables des délits commis par leurs enfants ou pupilles ; 
13. Tout négociant ou marchand qui sera reconnu avoir chez lui des faux poids et mesures sera poursuivi suivant la rigueur des lois ; 
14. Chaque contravention aux dispositions des articles précédents sera punie d’une amende de trois jours de travail, sans préjudice des poursuites à diriger par les tribunaux supérieurs le cas échéant. 

Le présent arrêté sera soumis à l’approbation de Monsieur le Préfet, publié, affiché au besoin. Des exemplaires en seront transmis à la brigade de Gendarmerie dans le ressort de laquelle est Saint-Symphorien et au garde-champêtre chargé de prêter la main à son exécution. Un exemplaire sera également adressé au juge de paix du canton. 

Saint-Symphorien, le 17 mars 1808
Signé : MARCQ, maire

Vu et approuvé par Monsieur le Préfet du département de Jemappes ; 
Mons, le 24 mars 1808 

A été signé pour le Préfet par autorisation : le secrétaire général de la Préfecture, LAVALEE.»  

[Source : J. DEMULLANDER, Saint-Symphorien, Emeraude du Hainaut.]

Almanach symphorinois

– 1813 : le sieur Ignace de Sébille est nommé Maire ; le village compte 724 habitants, 

– 1814 : passage de Son Altesse Royale le Prince d’Orange. Grande fête à cette occasion avec mobilisation de carillonneurs et sonneurs. Construction d’une fausse porte d’entrée du village en guise d’arc de triomphe, 

– 1824 : construction de la maison communale et d’une école avec logement pour l’instituteur, une salle de délibération, un corps de garde et une prison ; le village compte 850 habitants, 

– 1842 : l’échevin d’Amprez et sa servante sont assassinés dans le parc du château, 

– 1853 : la fanfare locale voit le jour (cf.infra), 

– 1874 : découverte d’une distillerie clandestine ; décadence momentanée de la commune dont la population tombe en-dessous de 1000 habitants, 

– 1886 : autorisation est accordée à la Société des Phosphates Pluto de construire un chemin de fer sur une partie du chemin allant de Saint-Symphorien à Havré, 

– 1887 : le 17 décembre, inauguration de la ligne Nimy-Mons-St Symphorien du tram à vapeur (cf. supra), 

– 1889 : le 20 juin, Adolphe Latour est nommé garde-champêtre au traitement annuel de 700 francs plus un logement dans l’annexe de la maison communale et un jardin de deux ares environ, 

– 1889 : le 29 septembre, « la Société des Phosphates est déboutée de sa demande faite de déverser ses eaux dans le fossé Cerneau, ces eaux contenant de l’acide sulfurique nuisible à la santé des bestiaux qui vont s’y désaltérer » (extrait du procès-verbal du Conseil communal) – l’autorisation avait été initialement accordée en 1886, 

[source : idem]

©Texte de Bernard Detry

Les anciens transports

Vers 1880, onze exploitations de phosphate étaient en activité à la limite du village, dans les environs du Cerneau. Bientôt un chemin de fer à grande section les relia à la gare d’Obourg. Il y avait sept locomotives qui tiraient les wagons chargés du précieux phosphate extrait tant à ciel ouvert que de galeries souterraines. Parallèlement, le phosphate était transporté vers d’autres gares des environs par tombereaux à traction chevaline jusqu’en 1887. A cette époque, un tram vicinal à vapeur fut mis en service et un transport de voyageurs suivit tout aussitôt.

Tram à vapeur : ligne Nimy-Mons-St Symphorien 1887

Le 17 décembre 1887 voyait l’inauguration de la section Nimy-Mons-St-Symphorien. La ligne sortait de Mons par l’avenue Astrid, puis passait par Saint-Fiacre, bifurquait pour suivre la chaussée du Roeulx jusqu’à la hauteur du Chemin d’Obourg. Là le tram à vapeur obliquait à droite et grimpant à travers champs rejoignait l’arrêt de « la Crèmerie ». Ce détour évitait l’ascension de la côte « Labor » (au niveau de l’actuel magasin Colruyt) jugée trop rigoureuse. Les voies s’arrêtaient à Saint-Symphorien « Terminus », soit à la sortie du village en direction de Binche.

Les exploitations de phosphate étaient toutes reliées à cette ligne. La ligne sera par ailleurs prolongée via Maisières jusqu’à Casteau le 8 juin 1889. Le trafic fut intense pendant 25 ans. 

Au cours de la première guerre mondiale, la section Mons-St Symphorien fut démontée par ordre de l’occupant allemand et ne fut reconstruite qu’en août 1920. La liaison Nimy-St Symphorien recommença et dès le 12 novembre 1923 s’étendit jusque Bray Station. 

Le bon vieux tram à vapeur rendra son dernier halètement une veille de Noël : ce fut, en effet, le 24 décembre 1930 que la première motrice électrique reprit le relais pour une trentaine d’années.

Après quoi, les rails disparurent une nouvelle fois et définitivement, cédant le pas aux autobus plus efficaces mais tellement moins pittoresques… 

[source : J. Demullander : Saint-Symphorien « Emeraude du Hainaut. »]

©Texte de Bernard Detry

Les stèles du cimetière de l’église

Vue sur les stèles 4, 5, 6, 7, 8 et 9.

Disposition des stèles :

Au début de l’ère chrétienne, nos ancêtres enterraient leur morts au pied des églises pour qu’ils soient protégés par Dieu et tous les Saints. Suivant des croyances ancestrales, les gallo-romains déjà créaient leurs cimetières à vue des habitations, pour mettre le cimetière sous la protection des dieux de la maison. Dans chaque paroisse, un cimetière était installé autour de l’église. 

Il est manifeste que de nombreuses stèles ont été déplacées notamment celles ancrées sur le mur d’enceinte de l’église. Elles datent des XVIII, XIX et XXème siècles. Remarquons que trois curés ( le terme pasteur est aussi employé) et trois bourgmestres ont été enterrés autour de l’église. 

R.I.P. Requiescat In Pace (qu’il repose en paix) D.O.M. Deo Optimo Maximo (Dieu très grand et très bon).Quelques épitaphes :

Stèle 1 : Ici repose le corps de Xavier-Joseph CLERFAYT en son temps bourgmestre de Saint-Symphorien décédé le 10 juillet 1869 à l’âge de … et celui de son épouse Marie Claire GICART son épouse décédée le 22 … 1838 à l’âge de … R.I.P. 

Stèle 2 : Ici repose le corps de Mr Albert-Chrysostome CLERFAYT, ingénieur des mines, bourgmestre de St Symphorien né à St Symphorien le 8 février 1889 et celui de Félicité DEQUESNE son épouse née à Casteau le 30 août 1827 et décédée à St Symphorien le 8 février 1904——R.I.P.——Et celui de Esther VAN GEERSDAELE épouse de Albert CLERFAYT née à Dampremy le 26 février 1865 et décédée à Mons le 26 novembre 1926. 

Stèle 3 : Ici reposent les corps de Albert-Xavier-Emmanuel CLERFAYT, président fondateur de la commission de lutte contre l’ankylostomiase du mineur, président de la commission médicale provinciale du Hainaut, né à St Symphorien le 18 février 1859 décédé à Mons le 16 mai 1946——Marie-Louise CLERFAYT née à Mons le 8 septembre 1893 y décédée le 1 décembre 1926——Nelly CLERFAY née à Mons le 2 novembre 1891 y décédée le 6 mars 1933——R.I.P. 

Stèle 4 : D.O.M.——Ici repose le corps de Louis-Joseph HACHEZ, né à Villereille-le-Sec le 20 février 1784 décédé à St Symphorien le 23 décembre 1862 et de Marie-Barbe LATTEIR, son épouse décédée au même lieu en février 1847 à l’âge de 74 ans.——R.I.P. 

Stèle 5 : A la mémoire de Monsieur A.J. SIRJACO pasteur de cette paroisse pendant 26 ans 1867-1893——R.I.P. 

Slèle 6 : D.O.M.——Ici repose le corps de Hydulphine Antoinette GABRIEL née le 30 octobre 1811 décédée le 18 juillet 1838. Bonne épouse, mère tendre, chrétienne accomplie. Elle fut l’exemple de toutes les vertus qui font chérir pendant la vie et laissent des regrets après la mort.——R.I.P. 

Stèle 7: D.O.M.——Ici repose le corps d’Antoine Joseph Denis TELLIER né à Elouges en 1806 décédé curé à St Symphorien le 10 mars 18.. après avoir accompli les fonctions de pasteur pendant 20 ans. A vous qui m’avez connu priez pensez à moi.——R.I.P. 

Stèle 8 : A la mémoire de Albert-Joseph GABRIEL né à Mons le 7 février 1807 décédé à St Symphorien le 7 mai 1879. Catherine Sophie MAHIEU son épouse née à Mons le 16 août 1826 y décédée le 2. juin 189. —– R.I.P. 

Stèle 10 : François MARCQ bourgmestre de St Symphorien né à Maurages le 10 août 1856 décédé à St Symphorien le 8 7bre 1903, son épouse Stéphanie Léandre HANNEQUART, née à Noirchain le 18 juin 1871 décédée à St Symphorien le 8 juin 1919.—–R.I.P. Christian MARCQ né à St Symphorien le 14 juin 1822 y décédé le 2 mars 1894, son épouse Rose DENEUFBOURG née à Maurage le 14 avril 1830 décédée à St Symphorien le xbre 1907. 

FAMILLE MARCQ – DENEUFBOURG 

Stéphanie Jeanne Rose MARCQ née à St Symphorien le 16 février 1900 décédée à Mons le 17 février 1930. Albert Norbert MARCQ ancien échevin de St Symphorien né dans cette commune le 24 janvier 1859 décédé à Mons le 4 juillet 1935. 

Stèle 11 : Ici repose abbé Hector LEROY né à Binche le 24 mars 1888 décédé à Binche le 14 janvie 1964 ordonné prêtre à la cathédrale de Tournai le 22 novembre 1914, curé de Ghislage 1935 à 1942, curé de Saint-Symphorien 1942 à 1961. Priez Dieu pour lui. 

Stèle 12 : A la mémoire de Paul Alex André DEPREZ, brasseur, décédé le 2 .bre 1851 âgé de 4. ans bon époux et bon père. Il est regretté de ses parents et de ses nombreux amis——Et de son épouse Adèle FRANCOIS décédée le … 1873 à l’âge de … ans——Et de … décédé le 6 7bre 1862 âgé de … ——R.I.P. 

Stèle 13 : D.O.M. [illisible – semble être une écriture et une langue étrangères.] 

Stèle 14 : Ici repose le corps de Mr. … décédé à St Symphorien le 10 février 1863 à l’âge de 52 ans. Il fut toujours bon époux et bon père et sera regretté toujours de ceux qui l’ont connu. 

Stèle 15 : D.O.M. —– Ici repose le corps de Mademoiselle Stéphanie DENEUFBOURG née à Maurage le … 182. et décédée à St Symphorien le … 188. —– R.I.P. 

Stèle 16 : D.O.M. —– Ici reposent les corps de Albert Florent Joseph Désiré MARCQ en son temps propriétaire à St-Symphorien décédé au dit lieu le 25 mai 1831 âgé de 69 ans. De Marie Alexis Félicité DERBAIS son épouse décédée au dit lieu le 21 février 1831 âgée de 72 ans. De Florent Alexis Albert Christian MARCQ 1790 – 1852 et son épouse Jeanne Marie CAMPION 1789 – 1876. De Albert Léopold Charles Pierres Guillaume MARCQ 1819 – 1858. Léopold Pierres Albert Félix MARCQ 1827 – 1878. Requiescant in pace. Amen. 

Stèle 19 : Ici gist le corps de Pierre PUTSAGE en son vivant censier à St Symphorien âgé de 88 ans et décédé le 4 mars 1788. Celui d’Anne Joseph DEPRET son épouse âgée de 73 ans décédée le 17 de may 1783. Requiescant in pace. 

NDLR : le défunt était né en 1700 et était censier càd propriétaire terrien ( le cens étant une sorte d’impôt foncier). En haut de la stèle figure une représentation d’une herse, symbole de l’agriculture (cf. 19 c).

©Texte de Bernard Detry

Les étangs

La Société Royale « Les Naturalistes de Mons et du Borinage asbl » nous propose une découverte nature des étangs issus des anciennes carrières de phosphate.

La vision par satellite (Google Earth) du site des anciennes carrières, actuellement les étangs, est impressionnante. La dernière exploitation, dont l’activité est très relative, se situe à l’emplacement de la zone blanche (centre-gauche de l’image).

Le site vu par satellite.

I. Géologie.

A. Introduction.
Les phosphatières de Saint-Symphorien appartiennent à un gisement qui couvre au Sud de Mons les communes de Cuesmes, Ciply, Mesvin, Spiennes.

Localisation des gisements de phosphate.

C’est en 1873 que A. Briart et F.L. Cornet découvraient à Ciply la présence de grains de phosphates dans la craie. En 1874-1876, les premiers industriels se lancent dans l’exploitation de la craie phosphatée à Ciply et Cuesmes (Malogne). C’est en 1882 que débute l’exploitation du phosphate riche à Saint-Symphorien par la société Hardenpont, Maigret et Cie et en 1895 l’exploitation du gisement de Baudour découvert au cours de la même année.
La Craie phosphatée de Ciply et le Tuffeau de Saint-Symphorien appartiennent au dernier étage du Crétacé, le Maestrichtien (65-70 millions d’années).
La série géologique est, à Saint-Symphorien, assez différente de celle de la Malogne :
· absence du Tuffeau de Ciply; calcaire grenu, tendre, jaunâtre formant la base du Tertiaire;
· présence locale au-dessus de la craie phosphatée du Tuffeau de Saint-Symphorien; calcaire friable, jaune clair, quelque peu phosphaté et caractérisé par un petit brachiopode : Thecidea papillata;
· présence dans la Craie brune phosphatée de Ciply d’une couche parsemée de parties plus dures, les durillons, que l’on retrouve aujourd’hui en tas dans le bois d’Havré par exemple;
· partie inférieure à bancs de silex, plus pauvre en phosphate (5 à 6 % en P2O5) et qui passe d’une façon continue à la Craie de Spiennes (attribuée aujourd’hui au Campanien);
· la craie phosphatée est très riche en fossiles.

Le gisement de Saint-Symphorien fut étudié par A. Beugnies (1949). Il montre que le gisement est découpé par une série de failles et ce en suivant le décalage des bancs de silex ou des cordons de galets à la base du Tuffeau de Saint-Symphorien alors que l’exploitation souterraine était en cours. Le dessin ancien repris à l’illustration ci-dessous est un exemple de faille montrant le décalage du contact avec la Craie phosphatée.

Faille dans le gisement.

Au cours de ces dernières années S. Vandycke (1991) a montré que ces réseaux de failles sont liés à l’ouverture de l’Atlantique nord.

B. L’exploitation.
Les phosphates de Saint-Symphorien ont été exploités à ciel ouvert et souterrainement.
A ciel ouvert, on a exploité les phosphates riches (phosphate riche à teinte verte du Bois d’Havré).
L’exploitation souterraine se faisait en 1945-46 en trois étages à 20, 24 et 33 m. La méthode est celle par piliers abandonnés de 5 m sur 5 m de côté, les piliers servant de soutènement naturel. L’exploitation est ainsi découpée par un réseau de galeries perpendiculaires comme à la Malogne. L’évacuation se faisait par un puit approfondi en fin d’exploitation jusque 33 m. Le gisement étant situé sous le niveau de la nappe aquifère, l’exhaure était très importante (300 à 400 m3/heure). C’est ainsi qu’en fin d’exploitation tous les travaux ont été noyés y compris ceux de surface.

C. L’enrichissement de la Craie phosphatée.
En vue d’accroître la teneur en phosphate pour la commercialisation, la craie était lavée dans des unités permettant de séparer les grains de phosphate plus lourds et de craie plus légers (malheureusement beaucoup de grains mixtes ne pouvaient être séparés si bien que l’enrichissement était incomplet : 20 à 25 % de P2O5 maximum).

A Saint-Symphorien la craie était d’abord déversée sur une grille pour éliminer les rognons de silex. Les résidus de lavage, les Schlamms, ont été déposés dans des bassins de décantation. Ils contiennent encore des teneurs non négligeables de phosphates et ont été souvent réutilisés comme amendement phosphocalcaire. Les phosphates de chaux ont été utilisés pour la fabrication d’acide phosphorique et finalement d’engrais phosphatés. Après la guerre 40-45 les exploitations ont périclité sous la concurrence des phosphates d’Afrique du nord plus riches.

II. Biologie.

Vue sur le site des étangs.

C’est la présence de plantes rares et protégées, des orchidées, qui confèrent à ce site un intérêt biologique élevé. Cette richesse a été reconnue par les autorités wallonnes qui a inclus le site dans le réseau Natura 2000 (Vallée de la Haine en amont de Mons).

Autour des étangs, on rencontre une végétation exubérante parmi laquelle on peut observer : des massettes à larges feuilles (Typha latifolia), l’eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), le jonc épars (Juncus effusus), la laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus),…

Les talus arborés proches des pièces d’eau accueillent notamment des orchidées comme la double-feuille (Listera ovata) et l’épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine). Plus rare, la néottie nid d’oiseau (Neottia nidus-avis) est également présente. Son nom fait allusion a ses racines enchevêtrées qui ressemblent à un nid d’oiseau. La néottie est une orchidée non chlorophylienne.

D’autres espèces d’orchidées sont présentes dans le site :
· l’orchis militaire (Orchis militaris), elle tient son nom de la forme en casque de ses pétales;
· l’acéras homme pendu (Orchis anthropophorum), c’est la silhouette humaine du labelle surmonté du casque qui est à l’origine de son nom;
· l’ophrys abeille (Ophrys apifera), son nom est une allusion à la forme, la pilosité, la couleur du labelle qui ressemble a une abeille. Cette pseudo abeille attire ses congénères mâles. L’insecte croyant avoir à faire à une femelle de son espèce s’agite et se couvre de pollen qu’il ira rapidement déposer sur une autre fleur.

Les orchidées fournissent une très grande quantité de minuscules graines (2 à 3 millions) extrêmement fines que le vent disperse.
Pour germer la graine a besoin du mycélium de champignons spécifiques.
La vie en symbiose avec les champignons est capitale pour les orchidées. Leurs racines n’ont pas la faculté de se procurer tous les éléments nutritifs. Les mycorhizes (organes résultant de la vie en commun d’une racine de plante avec le filament végétatif d’un champignon) suppléent à cette faiblesse.
Avant de s’épanouir, une orchidée terrestre peut demeurer de longues années (2 à 4 ans) réduite à une tige souterraine sans feuille.
Les orchidées sont des fleurs qu’il faut apprendre à examiner longuement pour les apprécier, elles constituent une part importante de notre patrimoine naturel.
Il est rappelé que les orchidées sont des plantes protégées (Arrêté royal du 16 février 1976 – Décret du 6 décembre 2001).
Cette protection implique l’interdiction de :
1° cueillir, ramasser, couper, déraciner ou détruire intentionnellement des spécimens de ces espèces dans la nature;
2° détenir, transporter, échanger, vendre ou acheter, céder à titre gratuit, offrir en vente ou aux fins d’échange des spécimens de ces espèces prélevés dans la nature;
3° détériorer ou détruire intentionnellement les habitats naturels dans lesquels la présence de ces espèces est établie.

BIBLIOGRAPHIE.

AUTEURS MULTIPLES 1998
Les orchidées de France, de Belgique et Luxembourg.
Société française d’Orchidophilie, 416p.

BEUGNIES, A.
Etude des procédés d’exploitation et d’enrichissement des produits naturels phosphatés du Hainaut pendant la guerre 1940-1945.
Travail de fin d’études, Faculté Polytechnique de Mons.

BEUGNIES, A. 1949
Le gisement de craie phosphatée de Saint-Symphorien.
Bull. Soc. belge de géologie, t 58, fasc. 1, 1949, 95-107.

DENDAL, A.; VERHAEGEN, J.P. 1985
Quelques observations d’orchidées dans le bassin de la Haine.
Les Naturalistes belges, 66, 6, 163-172.

HOUZEAU DE LEHAIE, J. 1923-1924
Les orchidées indigènes et l’avenir de leur hybridation.
Bulletin Les Naturalistes de Mons et du Borinage, Tome VI, II, (Décembre, janvier, février), 1923-1924, 16-18.

HOUZEAU DE LEHAIE, J. 1926
Note préliminaire sur la variation chez les Orchidées Belges.
Bulletin de la Société Royale de Botanique de Belgique, t. LIV, fasc. 1, 1926. (dans Bulletin Les Naturalistes de Mons et du Borinage, Tome VIII, III, Février, mars 1926, 72-…).

HOUZEAU DE LEHAIE, J. 1926
La germination des orchidées.
Bulletin Les Naturalistes de Mons et du Borinage, Tome VIII, III, (Février, mars 1926), 71-72.

HOUZEAU DE LEHAIE, J. 1930-31-32
Allocution présidentielle. Assemblée générale du 26 décembre 1930. Essai de synthèse de la variation chez les orchidées indigènes en Belgique.
Bulletin Les Naturalistes de Mons et du Borinage, Tomes XIII et XIV, Années sociales 1930-31 et 1931-32, 206-209.

LECLERCQ, F.; BOUKO, Ph. 1985
La Malogne.

VANDYCKE, S.; BERGERAT, F.; DUPUIS, C. 1991
Meso-cenozoic faulting and inferred paleostresses in the Mons Basin, Belgium.
Tectonophysics, 192, pp 261-271.

Textes de la présente rubrique écrits par : 
J.M. Charlet – Professeur Emerite, pour les aspects géologiques ;
A. Dendal – Présidente de la Société royale « Les Naturalistes de Mons et du Borinage asbl », pour les aspects biologiques.

Jonc épars (Juncus effusus).
Laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus).
Epipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine).
Néottie nid d’oiseau (Neottia nidus-avis).
Orchis militaire (Orchis militaris).
Ophrys abeille (Ophrys apifera).
Acéras homme pendu (Orchis anthropophorum).

©Texte de Bernard Detry

La Confrérie Saint Symphorien

Les origines de la Confrérie se perdent au cours des décennies. La tradition orale rapporte qu’il s’agissait au départ d’hommes de bonne volonté, d’obédience chrétienne, réunis autour du curé de la paroisse pour organiser et assurer la pérennité du grand Tour, procession multiséculaire dont nous avons parlé au chapitre Patrimoine, qui avait lieu le jeudi suivant la fête de la Pentecôte, soit le jeudi précédant celle de Mons. 

La preuve indubitable la plus ancienne de l’existence de la Confrérie Saint-Symphorien que nous ayons trouvée réside dans une matrice cadastrale datant de 1860 environ (matrice et plan cadastral du sieur POPP que nous avons évoqués au chapitre Cartes et Plans). Ladite matrice atteste qu’à l’époque, la Confrérie était propriétaire de trois petits terrains au sein du village. 

Il nous a été donné de consulter les archives d’une illustre famille symphorinoise dont plusieurs membres exercèrent des mandats publics au sein du village, la famille MARCQ. Nous avons pu également rencontrer l’abbé Jean-Pierre MARCQ (né en 1924) dont il est également question au chapitre Patrimoine (Images du passé – Souvenirs anciens). Ni la mémoire écrite ni la mémoire vivante n’ont pu nous fournir plus de précisions quant à la naissance de la Confrérie. 

La relation que nous allons faire du grand Tour tel qu’il se déroulait au XIXème siècle nous permettra de faire plus ample connaissance avec la Confrérie. Le compte-rendu qui suit est largement inspiré d’un petit mémoire rédigé par Monsieur Arthur DURANT, ancien enfant de coeur de Saint-Symphorien, écrit en mars 1944 et dédié « à la vénérable mémoire » de sa mère, Pauline MANDERLIER . Le Tour tel qu’il y est décrit se déroule à la fin du XIXème siècle. Les illustrations, quoique anciennes, ne sont pas d’époque. Voici le texte sous une forme quelque peu remaniée et enrichie d’autres sources : 

Depuis de nombreuses semaines déjà, les membres de la Confrérie Saint-Symphorien se sont réunis comme à l’accoutumée pour distribuer les tâches dans l’organisation de cette grande procession : un Comité du Tour en quelque sorte. Aucun détail ne doit être laissé au hasard. Les saints qui seront processionnés feront l’objet d’une minutieuse inspection, la Châsse sera sertie sur son socle de transport, le garde-champêtre et ses collègues tenus informés de même que les sapeurs pompiers qui interviendront en cours de procession. 

Le grand jour est arrivé. Depuis une semaine, les façades des maisons ont été badigeonnées, les volets repeints, les trottoirs désherbés. L’antique société des archers de Saint-Sébastien a procédé à l’abatage de l’oiseau le lundi de la Pentecôte sur la vieille perche plantée au milieu de la Place. Son Roi portera fièrement le collier de la société durant le Tour. Les invitations ont été faites aux amis et aux anciens symphorinois qui ont quitté depuis longtemps le village mais qui reviennent avec grande joie pour  » se mettre à table le jour du Tour « . Enfin, les ménagères ont mis le feu au four et les tartes sont presque cuites. 

Les enfants de coeur sont au poste dès quatre heures trente du matin pour l’ouverture de l’église. L’abbé BARBE (curé de Saint-Symphorien de 1894 à 1905) et un autre prêtre venu la veille loger à la cure, sont également présents. Le curé de Spiennes, l’abbé HESSLER, arrive pour représenter notre curé durant la longue marche de quinze kilomètres car ce dernier, rhumatisant, est incapable d’assurer une telle tâche. Un prêtre se place au banc de communion et un autre à l’autel du Saint Patron, chacun assisté de deux servants. Ceux-ci dérouleront sur la tête des pèlerins agenouillés une longue étole pendant qu’un prêtre lira l’évangile selon Saint-Jean  » In principio  » et donnera la relique à baiser –  » Sancte Symphoriano Martyris O.P.N « . Les plateaux sont présentés pour l’offrande. Sont également présents le sieur BUSIAU qui s’est occupé d’allumer les bougies, une autre personne qui s’occupe de la vente de celles-ci et des objets religieux derrière un petit comptoir, et enfin une ménagère qui viendra de temps en temps ramasser les pipis dont un grand nombre d’enfants ne manqueront pas d’arroser le pavement de l’église. Le sol est d’ailleurs recouvert d’une épaisse couche de sable qui recevra également les coulées des bougies et les débris de celles-ci. Les saints qui feront le Tour sont placés sur leurs civières elles-mêmes posées sur des tables : La Vierge, St-Symphorien, La Châsse, St-Roch. La Vierge se trouve dans le coeur, à gauche, sur une civière garnie de quatre énormes plumets blancs en duvet de cygne et, au sommet, une étoile. Elle a revêtu sa toilette du Tour : robe blanche avec soutaches bleues et est parée de ses bijoux, souvenirs d’Epinlieu : une couronne et un sceptre pour la Vierge et une couronne et une mappemonde pour l’Enfant Jésus, le tout en argent. La Châsse se trouve à nu sur sa civière à baldaquin garnie d’une étole-ceinture rouge et jaune. Elle est couverte d’une couche de badigeon or terni qui a nivelé les ciselures et recouvert les émaux. Les pèlerins après avoir accompli leur devoir à l’autel viennent frotter les saints avec des mouchoirs et font à l’intérieur ou mieux à l’extérieur de l’église, trois fois le tour. A dix minutes avant cinq heures, les servants disponibles font sonner Angeline dont les cordes se trouvent à l’entrée du portail. A cinq heures, messe basse. Les pèlerins commencent à arriver. Ils attachent aux saints des ex-votos en cire et Saint-Symphorien surtout apparaîtra au départ chargé de jambes, pieds, bras et mains en cire, en remerciement d’une guérison obtenue. Arrivent deux jeunes-gens qui porteront la croix de cuivre et deux sonneurs qui tinteront Angéline au quart avant six heures et prendront ensuite possession de Marie-Françoise laquelle, à six heures, sonnera à toute volée pour saluer le départ de la procession. 

Le cortège s’ébranle : St-Roch, St-Symphorien, la Châsse. Le clergé porte le reliquaire en croix, en argent du XVIIème siècle. La Vierge est portée par des jeunes-filles en voile blanc. Des cavaliers escortent les saints, d’autres suivront et enfin des charrettes, voitures de maîtres, pèlerins, … Le cortège emprunte au sortir de l’église l’allée garnie de tilleuls, les saints – surtout la Vierge – étant portés à bras pour ce passage.

Le spectacle est pittoresque. Des mendiants placés dans le vieux cimetière autour de l’église demandent l’aumône. Sur la place et principalement le long des deux côtés de l’allée des boutiques se sont montées, surmontées de toiles blanches, vendant des bonbons, caramels renfermant dans les plis de leur emballage, un petit billet-horoscope, soufflettes, saucisses de Boulogne, ballons et jouets divers. Des camelots vendent des images et autres objets bénits et des remèdes dont ils vantent bruyamment les vertus. Des véhicules attendent que leurs occupants aient terminé leurs dévotions ; les chevaux passent leur temps en broutant l’herbe attachée aux arbres de la place ; des pèlerins y déjeunent, des mamans endorment leurs enfants, d’autres enfin les allaitent. 

Tandis que la procession suit son cours, à l’église, c’est le vacarme dû aux cris et aux pleurs des enfants et le départ inattendu de ballons qui se collent aux volutes. Marie-Françoise sonnera de demi en demi heures pendant toute la durée du parcours. Sept heures, messe basse ; c’est la cohue : les pèlerins affluent et un tram spécial vient de décharger ses passagers. Sept heures et demi, déjeuner à tour de rôle à la cure : pain beurré et café noir. 

Pendant ce temps, la procession continue sa progression. L’itinéraire suit scrupuleusement, sur un parcours de 15 kilomètres, le périmètre du village. Certains enfants sont invités à se cogner la tête contre les bornes marquant le territoire du village pour bien s’imprégner de ses limites. A la barrière de Spiennes, repos : les saints sont déposés sur des tables et les maisons au carrefour accueillent ceux qui font  » leur Tour « . On y déjeune et les chevaux reçoivent leur picotin. Vers huit heures et demie, nouveau départ par la route de Beaumont, le tienne Saint-Pierre, le chemin à Vaches pour aboutir à la Grand’ Route, au dessus de la Crémerie. 

A l’église ce sont les heures de pointe : le nombre des pèlerins est grand. Neuf heures : branle-bas sur la place ; le tambour appelle les musiciens qui se rangent derrière leur drapeau, souvenir du Baron de Saint-Symphorien et s’éloignent par le Petit Pavé jouant des pas redoublés. Un autre tambour appelle aussi les  » capitaines  » à leurs fonctions pour aller donner les aubades et inviter à la danse dans toutes les maisons du village. Ils portent une casquette de couleur, une ceinture tricolore et une canne. Leur orchestre débite des polkas, des mazurkas, des valses et des scottischs. 

Aux écoles, une petite procession se forme avec les instituteurs, Enfant Jésus dans sa crèche, Sainte Catherine toute petite en toilette, couronne en tête, fleurs et guirlandes. Des mamans viennent se joindre au petit groupe avec leurs enfants.

Les symphorinois ferment leurs portes pour suivre la musique. La foule grossit et monte la chaussée allant à la rencontre de la procession. Des barrières ont été élevées de distance en distance sur le parcours du cortège et les sapeurs venus de Mons ouvrent la marche et donnent l’assaut aux embuscades lesquelles figurent Satan opposé aux saints de Dieu. Les  » mameloucks  » ont dressé ces barrières et les sapeurs doivent les détruirent à coup de hache pour livrer passage au cortège. Parmi celui-ci, on reconnaît encore la compagnie  » des Cousses « , sarrau bleu, casquette de soie avec mouchoir rouge au cou et leur drapeau de Notre Dame des Victoires, de 1848, dont on ne retrouve pas la trace. Présente également la société des archers de Saint-Sébastien avec son Roi portant son précieux collier et le vénérable drapeau, relique dont la soie jaune se désagrège par vétusté. De nombreux groupements étrangers se sont joints à la procession ; un concours doté de prix (médailles en argent) est organisé entre les sociétés les plus éloignées et les plus nombreuses. Le village de Nimy a fourni son contingent de cavaliers. 

La procession se compose à présent d’un cortège mi-religieux mi-profane qui n’est pas sans rappeler les Marches de l’Entre Sambre et Meuse. 

La musique est au poste à la Grand’ Route et le clergé entonne un Te Deum bientôt couvert par les nombreux autres sons du cortège bigarré. La petite suite des écoles va bientôt se joindre à lui. La foule grossit au fur et à mesure qu’on se rapproche du village. La Châsse attire tous les regards.

Vers onze heures, Saint-Symphorien porté par quatre membres de sa Confrérie fait une entrée triomphale dans son église aux sons des fanfares et de la grosse cloche. L’église ne peut pas contenir toute cette foule immense. L’air y est vicié par la fumée des bougies. Quatre prêtres à l’autel ont revêtu le vieil ornement du drap d’or. Messe de la Pentecôte avec Veni Creator et offrande interminable se prolongeant après la messe. 

Après l’office, les chevaux de bois se mettent à tourner. Symphorinois et invités offrent des tournées dans les cabarets du village en attendant l’heure tardive du dîner où tous seront réunis. Après-midi, concert et jeu de balle pelote. Vers 19.00 heures bal en plein air des capitaines et ensuite bals dans  » les salons « . 

Le grand Tour a eu lieu. La fête au village également. Repos mérité pour les membres de la Confrérie Saint-Symphorien. 

EN VOILA POUR UN AN. 

Merveilleux retour dans le passé, un passé simple où sacré et profane se mélangeaient au quotidien. 

Il faut bien reconnaître que la réalité a bien changé depuis lors. Le grand Tour ne réunit plus aujourd’hui la grande foule. 

La Confrérie Saint-Symphorien est confrontée à un problème de taille : comment perpétuer la tradition du Tour au XXIème siècle ? Au risque de disparaître à moyen terme, le Tour doit être adapté. Il n’est plus réaliste de réunir en milieu de semaine des milliers de personnes (au XIXème siècle, les entreprises de la région symphorinoise acceptaient de fermer leurs portes le jeudi du Tour). Ne faut-il pas le mettre en perspective avec la seconde  » petite  » procession, celle du quatrième dimanche du mois d’août (fête patronale du 23 août) ? La tâche de la Confrérie ne sera pas simple. Elle s’est, par ailleurs, lancée un autre défi : devenir un lieu de vie au sein du village. Plusieurs projets sont sur les voies. Première réalisation : le retour du mégalithe, symbole néolithique de pèlerinages, sur la place de Saint-Symphorien. Il était  » égaré  » depuis plus de cinquante ans au fin fond du Jardin du Mayeur à Mons (cf . le chapitre Patrimoine – rubrique Le mégalithe du village). 

Pour terminer, quelques photographies de la « petite » Procession qui se déroula le dimanche 28 août 2005 attirant une foule nombreuse, preuve s’il en est de la ferveur populaire. Certes, le temps était de la partie. Normal, me direz vous : « le bon Dieu est montois ». 

©Texte de Bernard Detry

La Confrérie de Saint-Sébastien (ou confrérie des Archers de Saint-Symphorien)

Un Règlement du 23 mai 1836 fixe les obligations et devoirs de chaque membre de la Confrérie. Il est toujours en vigueur : 

« Art. 1 : La Confrérie se compose d’un nombre de membres indéterminé. Elle sera régie par une commission de sept membres, savoir : 

Art. 2 : Cinq jurés, un grand-maître et un conétable qui seront nommés chaque année le jour de Saint Sébastien par la Société, la commission étant chargée de toute décision et autorisée à délibérer dans tous les cas et besoins de la société. 

Art. 3 : Tout individu qui désire faire partie de la Confrérie devra être de la commune, d’une conduite morale à l’abri de tous reproches et en faire la demande à la commission qui décidera s’il y a lieu ou non d’admettre le candidat. 

Art. 4 : Aussitôt qu’un individu sera admis dans la Société, il sera tenu de payer dix francs d’entrée entre les mains du conétable et de signer le présent règlement après qu’on lui en a fait lecture. 

Art. 5 : Tout confrère qui viendra à quitter la Société en préviendra le conétable et paiera un franc de sortie, sinon il ne sera plus admissible dans la société. 

Art. 6 : Le jour de la Saint Sébastien de chaque année, il sera fait un dîner et un souper pour et aux frais de la Société que la commission commandera et règlera selon les besoins et intérêts de la société. 

Art. 7 

Art. 8 : Un tir à la perche, le jour du lundi suivant la Pentecôte et le lendemain si nécessaire, auquel chaque sociétaire est obligé d’y assister, fera connaître le Roi de la Société. Celui qui abattra l’oiseau sera proclamé Roi et décoré du collier; il lui sera décerné un prix de la valeur de vingt cinq francs après la dépense d’un litre de bière pour chaque sociétaire qui sont obligés de l’accompagner jusqu’à chez lui à son retour ainsi qu’à se rendre à son domicile le jour du Saint-Sacrement et de Saint-Sébastien à huit heures du matin afin de l’accompagner à la messe et à la procession ainsi que chez le traiteur toujours par rang d’ancienneté. Le Roi sera entouré par la commission ; après la cérémonie le collier sera remis entre les mains du conetable. Il y aura une amende de cinquante centimes pour chaque absence. (…) 

Ainsi arrêté le présent règlement par nous, soussignés, confrères de Saint-Sébastien. Le vingt trois mai 1836. »  

[source : J. Demullander : Saint-Symphorien « Emeraude du Hainaut. »]
La Royale Philharmonie

La Philharmonie se porte bien aussi. Elle a largement dépassé le cap des cent ans d’existence et jouit d’une renommée toute particulière dans la région.

©Texte de Bernard Detry

Un village en harmonie avec la nature

Aquarelles animalières proposées par l’artiste montois (Saint-Denis) Yves Fagniart.

Chaque image reçoit une pensée d’un sage africain [Recueil « Origines » de Danielle § Olivier Föllmi – Ed. de La Martinière ]. 1.- « Entouré d’un univers de choses tangibles et visibles – les animaux, les végétaux, les astres – l’homme, de tout temps, perçoit qu’au plus profond de ces êtres et de ces choses réside quelque chose de puissant qu’il ne peut décrire et qui les anime. » Peuple peul d’après Alassane Ndaw.
2. – « Il y a l’esprit de la nature, l’esprit de la rivière, l’esprit de la montagne et aussi l’esprit des animaux, de l’eau, des ancêtres. L’esprit est partout. » Tradition orale africaine d’après Sobonfu Somé.
3. – « Afin de maintenir en bonne harmonie toutes les forces vitales et les puissances dont le monde est rempli, l’homme a le souci d’organiser le monde, de donner à tout ce qui existe un statut. » Alassane Ndaw.
4. – « On se trompera toujours sur la liberté chaque fois qu’on l’imaginera comme le résultat d’une élimination de toutes les entraves possibles et concevables. » Nsame Mbongo.
5. – « La personne humaine est une multiplicité intérieure, inachevée, appelée à s’ordonner, s’unifier. Dieu ne fait qu’ébaucher l’homme, c’est sur la terre que chacun se crée. » Griot Malinké
6. – « La nature nous aide à être nous-mêmes, à traverser les changements majeurs et les situations où notre vie est en jeu. Elle apporte la magie et le rire. » Sobonfu Somé.
7. – « Habitant chaque être, chaque chose, chaque lieu, la Force divine peut être captée intensément lorsque l’homme fait l’effort de l’appeler à se manifester. » Alassane Ndaw.
8. – « La connaissance est l’oiseau dans la forêt : une personne seule ne peut jamais l’attraper. » Tradition orale en pays ewe.
9. – « Chaque mot, chaque être vient frapper à ta porte, t’apportant son énigme. Si tu es disponible, il t’inondera se sa richesse. » Irénée Guilane Dioh.
10. – « Pour être dans l’eau, le poisson est-il moins libre que l’oiseau dans les airs ? » Cheikh Hamidou Kane.
11. – « Dans la forêt, quand les branches des arbres se querellent, leurs racines s’embrassent. » Doudou Diène.
12. – « Ceux qui ont détruit leur faune sauvage et qui vivent sans elle ne sont pas complets. » Chef d’une tribu massaï.
13. – « Quand on ne sait pas où l’on va, qu’on sache d’où l’on vient. » Tradition orale sérère.
14. – « La nature et la qualité de notre rapport au monde sont largement tributaires de la perception que nous avons de nous-mêmes. » Aminata Traoré.
15. – « Il faut se souvenir que la non-visibilité, la non-palpabilité et la non-sensibilité d’une chose ne sont pas pour autant des preuves absolues de sa non-existence. » Amadou Hampâté Bâ.
16. – « Dans l’univers, et à tous les niveaux, tout est vibration. Seules les différences de vitesse de ces vibrations nous empêchent de percevoir les réalités que nous appelons invisibles. » Amadou Hampâté Bâ.
17. – « Quel enchantement quand, ressuscitant du sommeil profond, on ouvre la maison aux bruits du monde ! Comme l’air du matin est bienfaisant, qui vous caresse les sens et vous envahit tout partout. Et l’on se surprend à l’humer, à l’aimer. Quels délices dans la respiration qui crée et vivifie ! Enfantement toujours nouveau de l’homme qui engendre et qui s’engendre à l’infini, à chaque nouvelle respiration. » Irénée Guilane Dioh.
18. – « Connaître une chose, c’est être en union avec elle, lui être intérieure et l’aborder de dedans. En demeurant à l’extérieur, on ne peut jamais connaître une chose dans son essence. Pour connaître les choses, il ne faut pas les disséquer, il faut plutôt les unir à une autre chose. » Alassane Ndaw.
19. – « La force de vie sacrée, invisible et puissante contient la mémoire du passé et la vision du futur. Elle permet à la création de se manifester dans la matière, ici et maintenant. » Marie-Noëlle Anderson.
20. – « L’écriture est la photographie du savoir mais elle n’est pas le savoir lui-même. Le savoir est une lumière qui est en l’homme. Il est l’héritage de tout ce que les ancêtres ont pu connaître et qu’ils nous ont transmis en germe, tout comme le baobab est contenu en puissance dans sa graine. » Amadou Hampâté Bâ.
Six mois déjà depuis la première image … Nous avons vieilli. La nature a simplement changé.
Cette nature qui nous observe…
Après cette première série d’images illustrées par quelques pensées de sages africains, nous vous présentons des aquarelles de paysages de Saint-Symphorien réalisées par GERARD NOIRFALISE(noirfaliseg@yahoo.fr) à l’occasion de l’exposition commémorant le 830ème anniversaire de l’arrivée de la châsse dans le village. Ces aquarelles et d’autres figurant dans la rubrique « Le Grand Tour » (chapitre Patrimoine) seront à nouveau exposées dans l’église lors de la ducasse du village des 25 et 26 août 2007.
Les aquarelles qui suivent ont été réalisées par Jean-Pierre SAUDOYER (sky52414@skynet.be), artiste symphorinois, et exposées à l’école communale de Saint-Symphorien durant le week-end de Pâques 2007.
« La cour du baron ».
« L’église ».
« La porte-au-soleil ».
« Rue Maigret »
« Portail ».

©Texte de Bernard Detry

Les plans cadastraux du XIXème siècle

Plans dits « primitifs » dressés par F. LEROY, géomètre du cadastre, au début du XIXème siècle. 
[N.D.L.R. : Les indications soulignées ont été ajoutées pour une meilleure visualisation.] 
Le village et la rue des Résistants
Le Chemin Saint Pierre et le Château Maigret de Priches
Le Hameau du Cerneau et la Ferme du Sart (des Sars – cf. infra)

Les plans cadastraux réalisés par P.C. POPP sont postérieurs (1868 ?) à ceux représentés ci-avant (dressés par F. LEROY au début du XIXème siècle) et fournissent d’intéressantes informations. 

Qui était Philippe Christian POPP (1805-1879).  

Né à Utrecht en 1805, il vint dès 1818 se fixer dans les Pays-Bas du Sud. Il devint employé du cadastre à Mons où il épousa, en 1827, Caroline Boussart . 
Quelques années plus tard, il est contrôleur du cadastre à Bruges. En 1830, il prend le parti de la Belgique et dès le 31 mars 1831, il obtient la grande naturalisation. Popp se mêle très vite à la politique de la jeune Belgique et fonde le premier journal libéral à Bruges le 4 avril 1837 , sous le nom de « Journal de Bruges ».Son épouse en assure presque entièrement la rédaction, la direction et l’impression. 
Cependant, Popp continue à s’intéresser au cadastre et comme il dispose d’une imprimerie équipée pour la lithographie, il a ainsi l’occasion de commercialiser son expérience. Vers 1842, il entame l’édition de son « Atlas parcellaire cadastral de la Belgique » auquel il travaillera jusqu en 1879, année de sa mort. A ce moment, le plan et la matrice de presque toutes les communes des provinces du Brabant, du Hainaut, de Liège et des deux Flandres avaient paru, dessinés et imprimés chez Popp même, à Bruges . 

[D’après J . Hannes, dans une publication destinée à la revue du Crédit Communal]

Mention apparaissant sur chaque plan de commune : 

Le plan de chaque commune comporte un titre avec des graphismes différents selon le style des différentes personnes qui contribuèrent à la composition des clichés. 

Dans la plupart des cas le texte présente la structure suivante 

ATLAS CADASTRAL DE BELGIQUE 

PROVINCE DE …………….. 

Arrondissement de Canton de 

PLAN PARCELLAIRE de la commune de 

AVEC LES MUTATIONS 

Publié avec l’autorisation du Gouvernement sous les auspices de Monsieur le Ministre des Finances 

PAR P.C. POPP Ancien Contrôleur du Cadastre Ingénieur géographe. Membre de l’Académie Nationale de Paris etc.

Pour plus d’informations sur le sujet, consultez : http://users.skynet.be/huvelle, le site particulièrement bien documenté consacré aux anciennes cartes Popp. 

Pour la consultation en ligne des plans et matrices cadastrales POPP voyez : 
http://patrimoine.met.wallonie.be/cartotheque/ 

Pour le dépouillement systématique des matrices POPP sous un angle généalogique voyez : 
http://users.skynet.be/danny.delcambre/index.htm

Le « Moulin de St-Symphorien » figure au plan : environ 150 mètres à gauche dans la rue Blanchart, anciennement dénommée Chemin Blancart, en venant de la Chaussée Roi Baudouin (voir plan couleur ci-dessous, réalisé en 2004, le lieudit  » Au Vieux Moulin « ). Ce fut en 1776 qu’un certain VANDERMAL, meunier, originaire de Thieusies, reçut du Commandeur de Piéton l’autorisation de construire un moulin à vent à moudre le grain, sur un bonnier de terre surélevée, tenant au pavé de Binche et du chemin menant à Harmignies. Le moulin fonctionna jusqu’au XIXème siècle et aurait appartenu en dernier lieu au fermier LELEUX. [Source : J. DEMULLANDER, Saint-Symphorien, Emeraude du Hainaut.]

Ici apparait la fabrique de tuiles (voir ci-dessous au plan couleur Le Chemin des Tuileries).

Avant de quitter cette rubrique consacrée aux plans cadastraux du XIXème siècle, nous tenons à vous présenter, à titre documentaire, un extrait de plan cadastral relatif à la ville de Mons, levé contemporain des « plans primitifs » représentés ci-dessus, réalisé par A.E.E. GOFFAUX et gravé en couleur en 1828.

Superbe pour l’époque, non?

©Texte de Bernard Detry

Les cartes anciennes (et l’origine du Chemin Saint-Pierre)

Détails de la carte « Marche du camp de Ville sur Haisne à Morlanway … pendant la campagne de 1674 » datant de la fin du XVIIème début du XVIIIème siècle : la carte présente le déplacement des troupes françaises au cours de la guerre de Hollande (1674-1678). 
Le nom du village est orthographié S. SIMPHORIAN 
Détails de la carte « Camps de Pommereuil et de Quévy, les 20 et 22 juin 1690 » datant de la même époque que la précédente : l’ensemble de la carte représente les camps militaires français avant l’attaque de Mons de mars 1691. 
Le nom du village est orthographié S. SIMPHORIEN avec un « i ». 
Détails des « Cartes particulières de Flandres depuis la mer jusques au-delà de la Meuse » par Naudin l’aîné (1693). 
Même orthographe.
Détails de la « Carte des environs de Valenciennes… Mons & c. dressée sur les mémoires de Eugène Henry FRICX » datant de 1744. 
Idem.
Détails de la carte dite  » de cabinet  » des Pays-Bas autrichiens levée à l’initiative du comte de FERRARIS datant de 1777. 
Ibidem
Détails d’une seconde carte du comte de FERRARIS datant également de 1777. 
Ibidem
Détails de la carte des « Environs de Mons, Beaumont, Chimay, Valenciennes, Condé et cc. » de Jean-Baptiste de BOUGE datant de 1789 (révolution française). 
Ibidem
Enfin sur cette seconde carte de J.-B. de BOUGE de 1835, l’orthographe actuelle du nom du village apparaît.

L’origine du chemin Saint-Pierre

Grâce aux cartes anciennes nous allons obtenir une explication quant à l’origine du nom de « Chemin Saint-Pierre ». 
Nous avons vu que vers 1860 (plan cadastral POPP), le chemin portait le nom de « Cantraine ». Qui était Cantraine ? Qu’est-ce qu’était Cantraine ? Nos recherches continuent. Il est en revanche certain que le nom Saint-Pierre est le plus ancien. Ainsi apparaît-il au début du XIXème siècle sur les plans cadastraux dits primitifs. 
Mais quelle est en définitive l’origine de l’appellation Saint-Pierre ? Certains agrandissements des cartes anciennes sub 2, 3, 4 et 5 témoignent de l’existence de ce qui devait être une chapelle, d’une certaine importance semble-t-il, située dans l’axe du chemin. Cette chapelle était dédiée à Saint-Pierre (martyr). 
Voyez :

Ainsi peut-on conclure (provisoirement ?) que le chemin Saint-Pierre conduisait à la chapelle du même nom, Saint-Pierre martyr pour l’appellation la plus ancienne.

Le martyr de Saint-Pierre

©Texte de Bernard Detry