Distillerie clandestine.

Dans le courant de la seconde moitié du XIXème siècle, une distillerie contibuait à la prospérité du village. Elle précipita toutefois également sa décadence…

Nous vous l’avions promis lors de la mise en ligne du site : le village recèle des caves et souterrains mystérieux que nous allons vous faire découvrir. Premier d’entre eux : la distillerie clandestine.

Le baron Charles-Jules-Henri ROBERT de SAINT-SYMPHORIEN avait établi en 1851 une distillerie au lieu dit actuellement « Cour du Baron » sur le chemin qui allait à l’époque de la Place Publique à Maraches et sur lequel s’embranchait la « Ruelle du Gueux » laquelle ne se réduisait pas à une impasse comme actuellement. Ce chemin de Marache a été détourné et remplacé par l’actuelle rue Eleuthère MERCIER.

Afin d’assurer un office aux ouvriers qui devaient surveiller les cuves de fermentation le dimanche, une messe particulière était dite à 5 heures du matin par un prêtre étranger. Le plus souvent c’était un jeune abbé de Bonne Espérance qui remplissait cette mission. Arrivé la veille, il logeait à la cure et repartait le lendemain matin.

De nouveaux bâtiments (appelés de nos jours « Cour du baron ») furent érigés en 1853. Ils servirent de sellerie, remises à voitures, écuries et maison du garde chasse. Ils étaient surmontés d’un clocheton dont la cloche servait à régler les heures de travail de la distillerie ainsi que celles des ouvriers occupés aux champs à la culture des 68 hectares exploités pour le compte du baron. Les transports des récoltes et des produits de la distillerie étaient assurés par des boeufs.

Tout alla bien jusqu’en 1864 lorsque, suite à la dénonciation d’un ouvrier, dit-on, l’Administration des Accises parvint à découvrir, sous la distillerie officielle, une distillerie clandestine. A l’issue d’un procès qui fit grand bruit dans la région, le baron fut condamné à une peine d’un an d’emprisonnement ainsi qu’à une amende de 440.000 francs. Certains biens furent, par ailleurs, confisqués. Les condamnations patrimoniales mirent sa trésorerie en péril à un point tel que, ne pouvant plus honorer ses créanciers, il fut déclaré en faillite après qu’un concordat lui ait été refusé…

Toutes les propriétés du baron furent vendues. Celui-ci se retira dans une propriété de sa famille dans la région de Baudour. Cette déchéance du baron amena une décadence momentanée du village de Saint-Symphorien dont la population retomba sous les 1000 habitants.

Des installations clandestines, il reste quelques caves ainsi qu’une grande pièce voûtée de quelques 20 mètres sur 7 mètres ressemblant étrangement à une crypte. A la fin du XIXème siècle ainsi que durant la première moitié du XXème siècle, on y cultiva le chicon.

[Textes réalisés sur base des archives de la famille MARCQ]

Extrait épuré du plan cadastral POPP (circa 1860).
Les bâtiments (superbement restaurés au début du XXIème siècle) érigés en 1855 avec le clocheton règlant les heures de travail. Cet ensemble est appelé de nos jours « Cour du baron ».
Entrée actuelle de la distillerie clandestine du baron.
Le boyau d’accès.
De nombreuses caves ont été murées.
La pièce principale ou la « crypte ».
Des relevés et des sondages sont actuellement en cours de réalisation.
Plusieurs accès ont été murés.
Que recèlent ces espaces condamnés ?
De belles colonnes en pierre taillée.
Des soupiraux assurent une certaine ventilation.
Un lieu d’aspect « monacal » sous un certain éclairage…
D’étranges moines au travail.
Le sol initial a été recouvert d’une couche de terre d’environ un mètre en raison de la culture du chicon. Quelques 140 mètres cube de terre devraient être évacués pour retrouver le niveau de base.
Une ancienne citerne ou cuve jouxte la « crypte ».
La sortie de ce monde souterrain bien mystérieux.
Premier croquis des lieux.
« La cour du baron » – aquarelle de Jean-Pierre Saudoyer, artiste symphorinois.

©Texte de Bernard Detry

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