L’ordre de Malte

Aussi loin que l’on puisse remonter dans les écrits, on constate que l’Ordre est omniprésent au sein du village aussi bien sous l’aspect temporel (protection des personnes et des biens, terres, fermes, moulin…) que spirituel (culte, église).

Selon les chroniqueurs, des marchands de l’ancienne république d’Amalfi ont obtenu du calife d’Egypte l’autorisation de construire à Jérusalem une église, un couvent et un hôpital destinés à soigner les pèlerins malades – sans distinction de race ou de religion. Les Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem – la communauté monastique qui administrait l’hôpital pour les pèlerins en Terre Sainte – deviennent un Ordre religieux, indépendant, sous la conduite du bienheureux Gérard. En effet, par une bulle papale promulguée le 15 février 1113, le Pape Pascal II consacra la fondation de l’Ordre et le plaça sous la protection du Saint-Siège, lui assurant le droit d’élire ses chefs sans l’intervention d’aucune autre autorité ecclésiastique ou laïque. En vertu de cette bulle papale, l’hôpital devint un Ordre religieux exempt de l’Eglise.

Le rôle de l’Ordre était de soigner et de défendre les malades et les pèlerins dans les territoires que les croisés avaient conquis aux musulmans. L’Ordre devint ainsi à la fois religieux et militaire. Tous ses Chevaliers étaient des religieux liés par les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.

L’Ordre adopta la croix blanche à huit pointes qui est encore aujourd’hui le symbole de St-Jean, et élargît sa mission à la défense de la chrétienté.

Dernier témoin architectural important attestant la présence de l’Ordre dans le village de Saint-Symphorien, les vestiges de l’imposante ferme située le long de la Chaussée Roi Baudouin, dite « Ferme Pêcher », dont la construction remonte au tout début du XVIIIème siècle. Elle comportait, outre sa ferme agricole, une chapelle, une forge, un four à pain et une brasserie des moines. Ces bâtiments étaient en leur temps visibles entre les numéros 93 et 105 de l’ancienne Chaussée de Binche. Il y a une vingtaine d’années, la grange (datée de l’an 1700 sur son pignon) fut pour partie incendiée et le propriétaire en décida la démolition… Hormis quelques dépendances magnifiquement préservées par un particulier, les autres bâtiments sont aujourd’hui modernisés et abritent les ateliers de boulangerie Dhondt tandis que les établissements Acar occupent partiellement l’ancienne forge et la brasserie.

Il convient de mentionner également que dans l’immeuble de la place occupé actuellement par le restaurant « Au Coq wallon », sur la cheminée de la première pièce, figurent des armoiries attestant la présence de l’Ordre dans le village. Ce blason (figure 3) est celui de Jean, André, Hercule de Rosset, duc de Fleury, marquis de Rocozel.
En réalité tout s’explique lorque l’on découvre que cet immeuble servi de cure aux XVII et XVIIIèmes siècles et que de 1692 à 1712, le curé de la paroisse qui l’occupait, un certain Nicolas NICODEME, était lui-même membre de l’Ordre.
Signalons aussi que sur la porte d’entrée figurait l’inscription suivante : « Alphonse, Prince de Lorraine, chef d’escadre – Commandeur du Hainaut 1704 ». L’histoire nous apprend que ce Prince fut tuée dans un combat naval devant Gibraltar le 24 août 1704.

Enfin, clôturons cette rubrique en faisant mention de la présence d’un autre symbôle de l’Ordre dans le porche de l’église, un agneau mystique ornant la clé de voute datant XVIe siècle.

Vestige de la présence de l’Ordre au sein du village, ce détail de la porte de la sacristie de l’église…
… et ce blason sur la cheminée de la première pièce du restaurant de la Place dit « Au Coq Wallon ».
Les bâtiments de la ferme PECHER (Cense ou ferme de l’Ordre de Malte) tels que figurant sur les anciens plans cadastraux dressés par F. LEROY au début du XIXème siècle. Comparaison très intéressante avec le plan suivant réalisé plus d’un siècle auparavant.
Plan vraisemblablement réalisé en vue de la construction de la ferme. Datation probable : fin du XVIIème siècle.
Cette photographie de la grange et de l’entrée de la ferme de l’Ordre de Malte date de l’époque où le tram circulait encore le long de la chaussée (probablement les années 50).
La grange (portant l’année 1700 sur la façade) vue de l’intérieur de la cour de la ferme.
Détail du plan de la chapelle dédié à Saint Jean avec positionnement de l’autel. La chapelle fut hélas démolie à la fin du XVIIIème – début du XIXème siècle …
Emplacement de l’ancienne chapelle St-Jean. 
Le mur actuel recèle des pierres de fondations.
La chapelle Saint-Jean représentée sur la carte de Ferraris de 1775 (nous avons ajouté l’indication).
Clé de voute du porche de l’église (XVIe siècle).

©Texte de Bernard Detry

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