Le moulin à vent.

Il fut édifié au XVIIIème siècle sur un terrain d’un bonnier (environ 1 ha), propriété de l’Ordre de Malte, et démoli peu après la seconde guerre mondiale.

Nous avons vu au chapitre Cartes et Plans – rubrique « Les plans cadastraux du XIXème siècle », qu’en 1767, le meunier Vandermal de Thieusies avait reçu de l’Ordre de Malte l’autorisation de construire « un moulin à vent à moudre le grain, sur un bonnier de terre surélevée, tenant au pavé de Binche et du chemin menant à Harmignies ».

La réalité est un peu plus complexe.

– Par acte du 20 décembre 1766 (approuvé le 30 mars 1767), un bail emphytéotique de 99 ans (sorte de bail de longue durée qui confère au preneur un droit réel susceptible d’hypothèque) est accordé par l’Ordre de Malte au meunier Vandermal, sur un bonnier de terre labourable situé à Saint-Symphorien (actuelle rue Blancart) en vue d’y construire un moulin à vent.
– Le sieur Vandermal, pour une raison inconnue, rétrocéda dès l’année 1769 ce droit d’emphytéose à un autre meunier, Louis Joseph Brokart, de résidence à Herchies.
– Le 23 mars 1769, un nouveau contrat d’emphytéose fut conclu entre le sieur Brokart et l’Ordre de Malte selon une convention dont nous possédons une copie intégrale ; celle-ci figure au chapitre Bibliothèque – rubrique « Actes et documents anciens ». 

A lire avec délectation.

Plan cadastral POPP (environ 1860).
Carte IGN de 1887.
Le moulin photographié après la guerre 1940-1945. On constate qu’une construction plus légère jouxte le moulin sur la gauche.
Les travaux de démolition commencèrent peu de temps après la prise de vue précédente. On constate sur le côté droit de la photo un tas de sable apporté vraisemblablement en vue d’une nouvelle construction en lieu et place du moulin.

©Texte de Bernard Detry

Un blason pour le village

Le Cercle HERALDUS de Mons a fait une proposition d’armoiries pour le village de Saint-Symphorien au Bourgmestre M. Elio di Rupo.

Le Cercle HERALDUS de Mons a constaté, avec un certain étonnement, que six des dix-huit villages de l’entité de Mons ne possédaient pas d’armoiries dûment enregistrées. Tel est le cas pour les villages de Ciply, Flénu, Harvengt, Nouvelles, Saint-Symphorien et Spiennes. 

Eu égard à l’arrêté du 26 février 1991 de l’Exécutif de la Communauté française modifiant l’arrêté du 8 août 1988 du même Exécutif fixant la procédure de reconnaissance des armoiries, sceaux et drapeaux des villes et des communes, le Cercle Heraldus a rédigé un dossier contenant des propositions d’armoiries pour les six villages montois concernés afin qu’il soit soumis, à l’initiative du Bourgmestre de la ville de Mons, Mr. Elio Di Rupo , pour avis au Conseil d’héraldique et de vexillologie de la Communauté française.

Ce travail transmis au Bourgmestre par courrier daté du 8 janvier 2008 entre dans le cadre de l’objet social du Cercle explicité à l’article 5 des statuts :
« L’association a pour buts l’étude et l’enseignement de la science et de l’art du blason. La recherche héraldique aura pour finalité la découverte dans la mémoire du passé des éléments permettant de mieux comprendre le présent et d’appréhender en connaissance de cause l’avenir.  
Le Cercle HERALDUS pourra, par ailleurs, soit d’initiative soit sur demande, formuler des recommandations utiles en matière héraldique à toute personne physique ou morale de caractère public ou privé ».

Le Cercle a, par ailleurs, suggéré à Monsieur Di Rupo d’organiser préalablement à toute procédure officielle une séance d’information des villageois concernés pour laquelle il se tenait à sa disposition.

Le projet de dépôt de nouvelles armoiries s’inscrit parfaitement dans l’objectif de « Mons 2015 – Capitale européenne de la culture », si cher au cœur de notre Bourgmestre.

Ci-dessous le dossier concernant le village de Saint-Symphorien largement inspiré par notre site.  

Les dossiers relatifs aux autres villages concernés de l’entité de Mons peuvent être consultés sur www.villagesdemons.be. Voyez les chapitres « Divers » de ce site.

Le journal « La Province » du mercredi 20 février 2008 consacre un article aux blasons des villages oubliés (voyez dans le Chapitre « Bibliothèque », la rubrique « Presse régionale »).

DOSSIER

Des objets néolithiques et des substructures romaines attestent l’occupation ancienne du sol de l’actuel village de Saint-Symphorien, mais l’exploration historique ne permet de ne remonter avec certitude qu’au douzième siècle. A cette époque, l’autel et quelques terres appartenaient à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem appelé plus tard Ordre de Malte. En l’an 1177, l’évêque de Cambrai lui avait accordé les deux églises de Spiennes et de Vellereille, ainsi que celle de Saint-Symphorien avec appendances et dépendances. L’ensemble formait ainsi une seigneurie (commanderie) sur laquelle le Commandeur de l’Ordre de Malte avait droit de pleine justice. Il disposait de la chapelle, nomma un bailli, un maïeur, deux échevins et érigea un pilori sur la place publique.  
Dès 1286, la seigneurie de l’Hôpital de Saint-Symphorien était siège de Commanderie de l’Ordre de Malte mais le village comportait d’autres seigneuries dont les plus puissantes étaient celles des Dames d’Epinlieu, ainsi qu’une seigneurie laïque. Cette dernière était fief de la seigneurie d’Havré. Cette seigneurie principale passa au seizième siècle à la famille de Crohin, dont Philippe de Crohin était échevin de Mons. Après 1656, la seigneurie d’Havré passe à Jean de Boussie (ou Bousies), ensuite au prince de Rache, aux Bernard, seigneurs d’Esquelmes qui la vendirent en 1708 à Jérôme-Aloïs Robert, écuyer et seigneur de Choisy. En septembre 1747, Louis XV, roi de France, octroya à la famille Robert le titre de baron de Saint-Symphorien. Cette noblesse locale dura jusqu’en 1876, date à laquelle Charles-Jules-Henri Robert, baron de Saint-Symphorien quitta le village pour sa terre de Baudour. 

Lorsque l’on aborde l’histoire du village, il convient donc de toujours garder à l’esprit que le pouvoir y fut exercé au cours des siècles et, à tout le moins, jusqu’à la Révolution française, de façon conjointe, en l’espèce tripartite, par les autorités religieuses et les seigneurs laïcs, à savoir : l’abbaye d’Epinlieu (anciennement située entre la Porte du Parc de Mons et le village de Ghlin), l’Ordre de Malte et les différents seigneurs, nobles ou chefs laïcs précités.

Lorsque la seigneurie était indivise, comme c’était le cas pour Saint-Symphorien où une seigneurie laïque était conjointe à un domaine religieux, le sceau communal (échevinal) devait porter les armes de chaque seigneurie. Pour Saint-Symphorien, au XVIème siècle, il portait les armes des Crohin à dextre, et de l’Abbaye d’Epinlieu à senestre. 

Sub 1, le sceau indivis de Saint-Symphorien au XVIème siècle développé sub 2 : 
« D’azur au chevron d’or accompagné de 3 épis du même », armes de la famille Crohin. 
« D’or à la crosse d’argent en pal, accompagnée à dextre d’une églantine en bande et à senestre d’une églantine en barre », armes de l’abbaye d’Epinlieu.

Des sceaux échevinaux reprenant les armoiries de l’Ordre de Malte et de l’abbaye d’Epinlieu ont également existé à la fin du XVIème siècle. Voyez sub 3.

Il est ainsi proposé de tenir également compte de l’autre seigneurie religieuse à savoir, l’Ordre de Malte dont l’importance historique est incontestable (sub 4).

Il est également proposé de retenir les armes du dernier seigneur de Saint-Symphorien en titre, y ayant résidé, soit la maison Robert de Saint-Symphorien dont les armoiries sont reproduites tant dans le château du village, que dans l’ancien cimetière autour de l’église (sub 5).

Les armes du villages de Saint-Symphorien se présenteraient donc sous forme d’un écartelé : 
en 1, Malte ; en 2, Crohin ; en 3, Robert ; en 4, Epinlieu. 

Voyez sub 6.

Lecture des armoiries proposées :

« Ecartelé. Au 1, de gueules à la croix pattée alésée d’argent; au 2, d’azur au chevron d’or accompagné de 3 épis du même (qui est Crohin) ; au 3, de sable à trois bisses (ou couleuvres) en pal d’or, languées de gueules, posées 2, 1; au chef cousu d’azur, chargé de trois colombes d’argent éployées et rangées en fasce, becquées de gueules; au 4, d’or à la crosse d’argent en pal accompagnée à dextre d’une églantine en bande, et à senestre d’une églantine en barre »

Figure 1.
Figure 2.
Figure 3.
Figure 4.
Figure 5.
Figure 6 : proposition finale.
Evocation de l’abbaye d’Epinlieu (album de Croÿ).
Aide mémoire héraldique

©Texte de Bernard Detry

D’un cimetière à l’autre.

La fin des inhumations dans le cimetière autour de l’église.

La présente rubrique fait suite à celle consacrée aux stèles du cimetière de l’église (Chapitre Chroniques anciennes).

Suivant des croyances ancestrales, les gallo-romains déjà créaient leurs cimetières à vue des habitations afin de placer ceux-ci sous la protection des dieux de la maison.
Au début de l’ère chrétienne, nos ancêtres enterraient leur morts au pied d’édifices religieux pour qu’ils soient protégés par Dieu et tous les Saints.

L’inhumation dans les églises remonte au haut Moyen Âge. 
Réservée, à l’origine, au haut clergé, elle fut ensuite accordée aux nobles assumant le financement de l’édifice religieux. Puis des paroissiens, bienfaiteurs de l’église, obtinrent la possibilité d’y avoir une tombe familiale. La sépulture dans l’église progressa dans la première moitié du XVIIème siècle. On s’efforçait d’obtenir un endroit où la dalle funéraire pourrait être mise en évidence, où elle serait vue de tous.
Pour les moins nantis, l’inhumation au cimetière entourant l’église paroissiale était gratuite. Là aussi, on recherchait les meilleures places : elles se situaient contre l’église et près de la croix, présence obligatoire au milieu du champ des morts. 

Des voix s’élevèrent contre la pratique des enterrements dans l’église. Deux arguments importants furent avancés : 
– le dallage dans l’église était sans cesse démonté et remis inégalement
– le manque d’hygiène évident d’une telle pratique en raison de la putréfaction des corps dans un endroit clos, à telle enseigne que l’on était parfois obligé de brûler de la résine et du soufre avant les offices pour dissiper les odeurs.

A la fin du XVIIIe siècle, les villes se développèrent davantage. Différentes épidémies sévirent et force fut de constater que les inhumations dans les églises et à l’intérieur des villes ne servaient pas la prévention des maladies. 
Le décret de l’Empereur Joseph II d’Autriche du 26 juin 1784 interdit d’inhumer dans les églises et dans les villes et ordonna la suppression des cimetières dans l’enceinte des agglomérations . Toutefois, cette décision fut mal perçue et guère appliquée. 

Il fallut attendre le 12 juin 1804 pour qu’un décret de Napoléon fixa des règles plus strictes à savoir :
– interdiction d’inhumer dans les églises et les cités,
– les cimetières devront être distants d’au moins 40 mètres à l’extérieur des remparts des villes,
– ils devront se situer sur des terrains élevés, battus des vents, si possible au nord, et être clos de murs de 2 mètres de haut,
– des plantations y seront introduites en vue d’assécher le terrain,
– les fosses ne pourront être reprises qu’après un délai minimum de 5 ans,
– les cimetières désaffectés resteront en l’état pendant au moins 5 ans, tout en restant accessibles à la population.

D’un texte intitulé « Souvenances » non daté ni signé (pouvant toutefois être de la main d’Arthur Durant), document figurant dans les archives de la famille Marcq, nous extrayons ce qui suit à propos des cimetières du village :
« Lors d’une inhumation dans le vieux cimetière, le spectacle était bien macabre et peu édifiant. Ce cimetière qui existait depuis l’existence du village n’était plus qu’un ossuaire. Le creusement des fosses se faisait dans des tas de débris d’ossements et de débris de cercueils et le peu de terre qui restait servait au fossoyeur pour cacher les crânes, les tibias et fémurs qu’il extrayait en nombre impressionnant. Peu de caveaux mais des places réservées aux familles. Une grande croix en bois cloué extérieurement au mur de l’abside du cœur est disparue, tombée par suite de vétusté. Elle n’a jamais été remplacée.
« La dernière inhumation fut celle de Hydulphine Putsage, décédée en février 1897, peu de temps par conséquent avant l’inauguration du nouveau cimetière puisqu’il fut inauguré le 1er mars 1897, après sa bénédiction faite par Mr le Chanoine Dumongh, doyen de Sainte-Elisabeth à Mons. 
« Il n’était pas fait usage d’un corbillard, les corps étant portés sur une civière. Chose curieuse : le nouveau cimetière s’ouvrit pour un enterrement civil, celui de Gérard Mercier. »

Le « nouveau » cimetère.
La dernière demeure des Soeures Noires de Mons, interdites de sépulture dans leur ville…
… jouxtant l’emplacement réservé aux Filles de la Sagesse de Saint-Symphorien.

©Texte de Bernard Detry

La carte de Ferraris.

A la fin du 18e siècle, l’ensemble du territoire de la Belgique actuelle a, pour la première fois, été cartographié de manière homogène sous la houlette du Comte J. de Ferraris.

La carte de Ferraris ou carte de cabinet des Pays-Bas autrichiens et de la Principauté de Liège fut établie entre 1770 et 1778 par le comte Joseph, Jean, François de Ferraris, directeur de l’école de mathématique du corps d’artillerie des Pays-Bas, sur commande du gouverneur Charles de Lorraine.

Le levé topographique a été effectué sur les territoires actuels de la Belgique et du Grand Duché de Luxembourg ainsi que sur une partie des territoires allemands et néerlandais.

Entièrement réalisée et dessinée à la main par des élèves officiers, la carte de Ferraris avait une vocation exclusivement militaire : elle retraçait les éléments stratégiques les plus importants comme des rivières, des ponts ou des chemins creux permettant d’y cacher des troupes…

Elle fut publiée à l’échelle originale du 1/11.520 et compte 275 planchettes.

Dépourvue de système de référence, la carte renseigne le relief, l’occupation du sol, l’habitat, le réseau routier, le réseau hydrographique, l’organisation paroissiale ainsi que les limites administratives de l’époque. De nombreuses enclaves sont d’ailleurs visibles. Certaines d’entre-elles, appartenant au territoire français en 1770, n’ont été que partiellement cartographiées.

L’ensemble des planches est consultables sur le site de l’Institut Géographique National et a fait l’objet d’une publication en 2009, à une échelle réduite au 1/20.000ème, sous forme d’un important volume de 51 sur 40 cm et d’un poids de 11,5 kg.

L’extraordinaire travail du Comte de Ferraris nous permet de présenter des plans inédits du village de Saint-Symphorien offrant une excellente résolution.

Le centre du village. Remarquons, au milieu de la Place, la perche du tir à l’arc de la Confrérie des archers de Saint-Sébastien.
La chapelle St-Pierre, le chemin du même nom partant de la chaussée de Chimay (actuellement Beaumont), le château (datant de 1708) et une partie de son parc.
La ferme de l’ordre de Malte avec la chapelle Saint-Jean (croix noire), l’actuelle rue J. Antheunis et la piedsente d’Obourg (en pointillés sous le chiffre 85 sur la gauche).
La ferme du Sart (des Sars), le hameau du Cerneau et la piedsente d’Obourg (en pointillés).
La limite du village de St-Symphorien (chiffre 85 en bas à gauche), le hameau St-Antoine, le bois et le village d’Havré.

©Texte de Bernard Detry

Patrimoine en péril.

Des images de lieux dont la fragilité nous oblige à être vigilants.

En parcourant notre beau village, nous sommes interpellés par certains lieux dont la fragilité nous fait craindre le pire pour leur avenir : immeubles et constructions anciennes, témoins d’histoire, paysages bucoliques… 

Aidez nous à préserver ces mémoires vivantes de notre passé en nous adressant des images de ces lieux en périls.

Faisant fi de toute polémique, il va de soi qu’en cas de réhabilitation ou de rénovation, nous publierons également les photos, les bonnes nouvelles se faisant rares…

1.a. Angle de la rue des Résistants et de la rue J. Antheunis – Juin 2009.
1.b. Le même endroit 5 décembre 2009.
1.c. Mêmes lieux, même date.
2.a. Rue J. Antheunis, 31 – Octobre 2009.
2.b. Mêmes lieux.
3.a. Chemin Saint-Pierre, 42 : « le château rose » – décembre 2009.
3.b. Mêmes lieux romantiques…
4.a. Rue Félix Maigret de Prisches, 33 – Décembre 2010.
4.b. Mêmes lieux.

©Texte de Bernard Detry

Le chemin de Cantraine.

A une époque bien précise, le Chemin Saint-Pierre s’appelait de Cantraine. Tentative d’explication.

Voici ce que nous écrivions en 2005 à la rubrique « Cartes anciennes » : 
« Nous avons vu que vers 1860 (plan cadastral POPP), le chemin portait le nom de Cantraine. Qui était Cantraine ? Qu’est-ce qu’était Cantraine ? Nos recherches continuent. » 

Grâce à notre amie symphorinoise Nathalie De Pelsmaeker-Delcroix qui nous a mis sur la voie, nous pouvons vous proposer une explication. Jugez-en.

Aussi loin que nous pouvons remonter dans le temps grâce aux cartes anciennes, le chemin qui nous occupe porta le nom de « Chemin Saint-Pierre », tirant cette appellation de l’ancienne chapelle éponyme qui s’y trouvait.
Nous avons toutefois constaté que vers le milieu du XIXème siècle, l’appellation « de Cantraine » devint usuelle et figura sur le plan cadastral POPP de 1860.

Ledit plan POPP et sa matrice cadastrale nous apprennent que de part et d’autre du chemin qui nous intéresse se trouvaient des oseraies (culture de l’osier), preuve s’il en était de l’humidité des terrains (à l’époque et encore de nos jours).
De nombreux batraciens devaient élire domicile dans ces zones humides voire marécageuses.

Un élément déterminant dans ce contexte nous est offert par Jean-Jacques Jespers dans son ouvrage paru aux Editions Racine en 2005 « Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et Bruxelles ». Au verbo « cantraine », il y est dit en substance ceci : du latin canta rana, soit chante grenouille – désigne des lieux marécageux où coassent les batraciens…

Que conclure sinon que c’est bien la grenouille qui se trouve à l’origine de l’appellation du Chemin « de Cantraine » au milieu du XIXème siècle.

Il est intéressant de souligner que, de nos jours, plusieurs habitants du Chemin Saint-Pierre ont implanté de petits étangs dans leurs jardins. Prêtez l’oreille en été et vous constaterez que les grenouilles sont de retour au Chemin… de Cantraine.

Le début du Chemin St-Pierre (de Cantraine) et l’entrée du château – Aquarelle de J-P. Saudoyer 2006.
Plan cadastral dit « primitif » vers 1810 : appellation Saint-Pierre.
Plan cadastral POPP vers 1860 : appellation de Cantraine
Extrait du dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et Bruxelles.
Oseraie en hiver.
Eté 2009 : grenouille au bord d’un étang du Chemin… de Cantraine.

©Texte de Bernard Detry

Le mégalithe du village.

Ou le menhir des irréductibles symphorinois.

Vers 1860, le fermier PISCART, labourant un champ du baron de Saint-Symphorien, situé au bout du sentier de la Violette, au sud du village, au sommet de la côte avant la descente sur Harmignies, heurta plusieurs fois une pierre enterrée et brisa même le soc de sa charrue. Sur ordre du Baron, il déterra ladite pierre et la transporta dans le parc du château où elle resta pendant quelques 90 années.

La propriétaire du château, Mademoiselle Emmy Maigret de Priches fit don de la pierre à la ville de Mons où elle fut transportée le 17 octobre 1951, puis érigée sur la pelouse du Jardin du Mayeur, faisant face à l’ancien musée d’histoire et d’archéologie. Le mégalithe s’y trouve encore aujourd’hui, ignoré de tous…

Le sentier de la Violette (déformation paysanne de voiette c’est-à-dire petite voie) est en réalité un itinéraire préhistorique joignant Saint-Symphorien à Dompierre, près d’Avesnes (France-Nord). Or Saint-Symphorien et Dompierre furent des lieux importants de pèlerinage. Par ailleurs, la pierre fut trouvée en un point culminant, visible, à l’époque, de la place de Saint-Symphorien et indiquant la direction à prendre pour aller à Dompierre ! De surcroît, le tumulus de Givry est près du même itinéraire (entre Givry et Villers Sire Nicole) et est visible du point où fut trouvée la pierre.
Pierre et tumulus furent donc deux jalons de cette piste de pèlerinage et de l’itinéraire préhistorique.

Le menhir a 2,50 mètres de hauteur. Une de ses faces est relativement plane tandis que l’autre est bosselée. Cette dernière porte toutefois une plage rigoureusement plane et polie, ce qui fait admettre qu’elle a servi de polissoir néolithique, avant d’être érigée en menhir, indicateur d’itinéraires. La pierre est large de 90 cm à sa base et de 130 cm en sa plus grande largeur. Son épaisseur varie de 30 à 35 cm et son poids est d’environ 2.500 kg.

Oublié, ignoré de tous, notre mégalithe se languit au fin fond du Jardin du Mayeur. Aucune indication n’en rappelle ni l’origine ni l’histoire. Anachronisme supplémentaire : le musée a disparu pour céder sa place à des bureaux en cours d’aménagement destinés à l’administration communale, semble-t-il. Ne serait-il pas mieux parmi les siens, au centre du village, sur notre belle place de Saint-Symphorien où une plaque commémorative en rappellerait l’origine ? Nul doute que les enfants des écoles pourraient y recevoir un cours d’histoire vivante de leur région !

La présente rubrique a été mise en ligne sur le site le 17 novembre 2005.

Indéniablement, une affaire à suivre …

Première réaction : la Confrérie Saint-Symphorien a adressé le 26 novembre 2005 une lettre au bourgmestre de Mons demandant le retour de notre menhir (voir ci-dessous).

BONNE NOUVELLE : ce 18 janvier 2006, ladite Confrérie nous fait savoir qu’elle a été informée du fait qu’en date du 21 décembre 2005, le Collège des Bourgmestre et Echevins de la ville de Mons avait marqué son accord de principe sur le retour à Saint-Symphorien du mégalithe « sous forme d’un dépôt permanent » (…); l’implantation de la pierre interviendrait sur la Place communale de Saint-Symphorien selon des modalités concrètes déterminées en fonction des remarques des Services communaux et en collaboration étroite avec eux. »
Un beau succès pour la Confrérie Saint-Symphorien et un geste très élégant de la part des autorités communales. Nul doute que les symphorinois apprécieront !

20 mars 2007 : « IL » est de retour sur notre belle place du village.

Une belle histoire…

Sources de documentation de la présente rubrique : 

1/ Willy Ch. Et Marcel L. BROU. – « Nos pierres et leurs légendes – Répertoire non exhaustif des mégalithes existants ou disparus et des toponymes mégalithiques à étudier en Gaule Belgique ». Dépôt 1979/Ed. Techniques et Scientifiques. Bruxelles.
2/ « Au fil de l’Estinnes, les clochers de Leptines », Estinnes Passé, Présent, Futur. D/1991/ASBL « Leptines 1250 », éditeur, 7120 Estinnes-au-Val 
3/ HOUZEAU DE LEHAIE (Charles) — « Les chemins préhistoriques, leurs relations avec les monuments mégalithiques et les pèlerinages » – Annales du Cercle Archéologique de Mons Tome 61, 1948-1949.

Seul, oublié, abandonné au fond du jardin du mayeur…
Face avant
Face arrière.
Lettre de la Confrérie St-Symphorien à M. Elio Di Rupo.
Le retour de notre mégalithe fait « la Une » du journal La Province.
Endroit présumé de la découverte par le fermier Piscart en 1860 sur les terres du Baron Robert de Saint-Symphorien. L’astérisque se trouve dans l’axe du chemin de la Violette, tracé sous le « n » du nom Duquesne (Photo satellite Google Earth).
Itinéraire préhistorique présumé des pèlerinages porté sur une carte datant de 1700.
Emplacement retenu en concertation avec les services compétents de la ville de Mons. Le mégalithe devrait y être installé au printemps 2007.
19 janvier 2007 : notre bourgmestre en titre se met personnellement à la recherche de notre menhir. Espérons…
19 mars 2007 : Mons Magazine annonce le retour de notre mégalithe.
20 mars 2007 : « IL » est de retour.

©Texte de Bernard Detry

Distillerie clandestine.

Dans le courant de la seconde moitié du XIXème siècle, une distillerie contibuait à la prospérité du village. Elle précipita toutefois également sa décadence…

Nous vous l’avions promis lors de la mise en ligne du site : le village recèle des caves et souterrains mystérieux que nous allons vous faire découvrir. Premier d’entre eux : la distillerie clandestine.

Le baron Charles-Jules-Henri ROBERT de SAINT-SYMPHORIEN avait établi en 1851 une distillerie au lieu dit actuellement « Cour du Baron » sur le chemin qui allait à l’époque de la Place Publique à Maraches et sur lequel s’embranchait la « Ruelle du Gueux » laquelle ne se réduisait pas à une impasse comme actuellement. Ce chemin de Marache a été détourné et remplacé par l’actuelle rue Eleuthère MERCIER.

Afin d’assurer un office aux ouvriers qui devaient surveiller les cuves de fermentation le dimanche, une messe particulière était dite à 5 heures du matin par un prêtre étranger. Le plus souvent c’était un jeune abbé de Bonne Espérance qui remplissait cette mission. Arrivé la veille, il logeait à la cure et repartait le lendemain matin.

De nouveaux bâtiments (appelés de nos jours « Cour du baron ») furent érigés en 1853. Ils servirent de sellerie, remises à voitures, écuries et maison du garde chasse. Ils étaient surmontés d’un clocheton dont la cloche servait à régler les heures de travail de la distillerie ainsi que celles des ouvriers occupés aux champs à la culture des 68 hectares exploités pour le compte du baron. Les transports des récoltes et des produits de la distillerie étaient assurés par des boeufs.

Tout alla bien jusqu’en 1864 lorsque, suite à la dénonciation d’un ouvrier, dit-on, l’Administration des Accises parvint à découvrir, sous la distillerie officielle, une distillerie clandestine. A l’issue d’un procès qui fit grand bruit dans la région, le baron fut condamné à une peine d’un an d’emprisonnement ainsi qu’à une amende de 440.000 francs. Certains biens furent, par ailleurs, confisqués. Les condamnations patrimoniales mirent sa trésorerie en péril à un point tel que, ne pouvant plus honorer ses créanciers, il fut déclaré en faillite après qu’un concordat lui ait été refusé…

Toutes les propriétés du baron furent vendues. Celui-ci se retira dans une propriété de sa famille dans la région de Baudour. Cette déchéance du baron amena une décadence momentanée du village de Saint-Symphorien dont la population retomba sous les 1000 habitants.

Des installations clandestines, il reste quelques caves ainsi qu’une grande pièce voûtée de quelques 20 mètres sur 7 mètres ressemblant étrangement à une crypte. A la fin du XIXème siècle ainsi que durant la première moitié du XXème siècle, on y cultiva le chicon.

[Textes réalisés sur base des archives de la famille MARCQ]

Extrait épuré du plan cadastral POPP (circa 1860).
Les bâtiments (superbement restaurés au début du XXIème siècle) érigés en 1855 avec le clocheton règlant les heures de travail. Cet ensemble est appelé de nos jours « Cour du baron ».
Entrée actuelle de la distillerie clandestine du baron.
Le boyau d’accès.
De nombreuses caves ont été murées.
La pièce principale ou la « crypte ».
Des relevés et des sondages sont actuellement en cours de réalisation.
Plusieurs accès ont été murés.
Que recèlent ces espaces condamnés ?
De belles colonnes en pierre taillée.
Des soupiraux assurent une certaine ventilation.
Un lieu d’aspect « monacal » sous un certain éclairage…
D’étranges moines au travail.
Le sol initial a été recouvert d’une couche de terre d’environ un mètre en raison de la culture du chicon. Quelques 140 mètres cube de terre devraient être évacués pour retrouver le niveau de base.
Une ancienne citerne ou cuve jouxte la « crypte ».
La sortie de ce monde souterrain bien mystérieux.
Premier croquis des lieux.
« La cour du baron » – aquarelle de Jean-Pierre Saudoyer, artiste symphorinois.

©Texte de Bernard Detry

Fait baron par Louis XV.

L’histoire de notre village croise celle des rois de France en 1747.

Nous avons fait référence au chapitre Histoire ainsi qu’à la rubrique « Armoiries symphorinoises » du chapitre Patrimoine à l’étude réalisée par le cercle HERALDUS de Mons relative aux Ordres religieux, Chevaliers et Seigneurs de Saint-Symphorien. Nous développerons dans la présente rubrique l’origine du titre de « baron de Saint-Symphorien » et celle de son château.

Charles-Alexandre BERNARD, comte de Bailleul, seigneur d’Esquelmes, Bettignies et Saint-Symphorien vendit ladite seigneurie de Saint-Symphorien en 1708 à Jérôme-Aloïs ROBERT, écuyer, seigneur de Choisy qui y fit construire l’actuel château (figure 1) et installer dans ce dernier une cheminée à chenets surmontée d’un grand manteau portant les armoiries des ROBERT et le millésime 1708. Les mêmes armoiries (figures 2) figurent également sur le caveau familial dans l’ancien cimetière autour de l’église (aucun membre de la famille ROBERT n’y est toutefois enterré – figure 3). En langage héraldique les armoiries de la famille ROBERT se lisent : « « De sable à trois couleuvres ou serpents ondoyant(e)s en pal d’or, languées de gueules, posées 2, 1 ; au chef cousu d’azur, chargé de trois colombes éployées et rangées d’argent, becquées de gueules ». Devise de la famille : « SAPERE SIMPLICITER ».

Un des fils de Jérôme-Aloïs, Charles-Pierre-Joseph ROBERT fut nommé baron de Saint-Symphorien et de Gondecourt par lettres du roi de France Louis XV datées de septembre 1747 du camp de Hamal (environs de Tongres – figures 4, 5 et 6).
Le dernier descendant de la famille ROBERT qui occupa le château fut Charles-Jules-Henri, baron de Saint-Symphorien, né à Mons le 20 mai 1818, marié le 21 janvier 1844 à Isabelle-Louise-Françoise-Charlotte DUVIVIER.
Charles-Jules-Henri fut installé bourgmestre de Saint-Symphorien le 26 septembre 1852. C’est de lui dont il est question à la rubrique précédente relative à la distillerie.

Le château fut agrandi de l’aile gauche constituée d’une simple rez-de-chaussée pour servir de salle de banquet lors du mariage de la fille du Baron, la nommée Elise de Saint-Symphorien avec Pijke de ten Aerden, le 1er mai 1865.

Le dernier descendant mâle de la lignée des barons de Saint-Symphorien fut Henri-Emmanuël-Vincent-Marie, né à Ghlin, le 6 février 1849. Il décéda sans laisser d’héritiers de sexe masculin. Le titre de baron de Saint-Symphorien tomba ainsi en déshérence.

Fig. 1 – Le château photographié depuis l’extrêmité de la rue Eleuthère MERCIER.
Fig. 2 – Armoiries des barons de Saint-Symphorien.
Fig. 3 – Le blason du baron figurant sur le caveau de famille.
Fig. 4 – Plan du camp de Hamal du roi Louis XV (Publication Paris 1750).
Fig. 5 – Louis XV, roi de France.
Fig. 6 – Le château de Hamal près de Tongres dans lequel, vraisemblablement, Louis XV signa les lettres conférant le titre de baron de Saint-Symphorien.

©Texte de Bernard Detry

La place Saint-Jean.

L’ordre de Malte exerçait sa pleine juridiction sur une partie de l’actuelle place du village, portion dénommée Place Saint-Jean sur laquelle était érigé un pilori.

Le droit de Seigneurie sur la Grand’Place était partagé entre le seigneur de Saint-Symphorien et les Dames d’Epinlieu. Cependant, l’Ordre de Malte avait pleine juridiction sur une enclave d’une superficie de trois verges et demi (soit une quinzaine d’ares) délimitée par trois puis quatre bornes, et au centre de laquelle se trouvait un tilleul portant le carcan de l’Ordre de Malte. Cet arbre servit en premier lieu de pilori. 

C’était « le tilleul Saint-Jean » et la petite place où étaient prononcées et exécutées les sentences du Commandeur de l’Ordre de Malte était dénommée « Place Saint-Jean ».

Le tilleul Saint-Jean ayant dépéri par suite de vétusté, il fut remplacé le 27 août 1705 par un pilori en pierre auquel était attaché un carcan en fer sur lequel étaient gravés les mots suivants : « Carcan de la Seigneurie de Saint-Jean de Jérusalem ». Le pilori fut érigé face à l’église. L’ensemble de la place Saint-Jean était délimité par des bornes dont on trouve trace aujourd’hui encore.

Le pilori est un dispositif destiné à exposer un condamné à l’infamie. Il pouvait prendre diverses formes : simple poteau de bois ou colonne de pierre. Un carcan y était fixé, l’autre extrêmité étant attachée au cou du supplicié.
Reconstitution de l’aire de la Place Saint-Jean.
La Place Saint-Jean faisait face à l’église.
Les bornes encore visibles aujourd’hui sur la Place.
Extrêmité Nord (en entrant sur la Place).
Extrêmité Sud (contre l’église)
A la ferme FLIEMET ou cense des Templiers de Frameries, dont la construction est contemporaine à la cense de l’Ordre de Malte de Saint-Symphorien (ferme PECHER – voir supra rubrique « L’ordre de Malte »), se trouve un pilori aux armes de Fleury. Cet ouvrage donne une idée du style de pilori érigé sur notre Place Saint-Jean.

©Texte de Bernard Detry