Distillerie clandestine.

Dans le courant de la seconde moitié du XIXème siècle, une distillerie contibuait à la prospérité du village. Elle précipita toutefois également sa décadence…

Nous vous l’avions promis lors de la mise en ligne du site : le village recèle des caves et souterrains mystérieux que nous allons vous faire découvrir. Premier d’entre eux : la distillerie clandestine.

Le baron Charles-Jules-Henri ROBERT de SAINT-SYMPHORIEN avait établi en 1851 une distillerie au lieu dit actuellement « Cour du Baron » sur le chemin qui allait à l’époque de la Place Publique à Maraches et sur lequel s’embranchait la « Ruelle du Gueux » laquelle ne se réduisait pas à une impasse comme actuellement. Ce chemin de Marache a été détourné et remplacé par l’actuelle rue Eleuthère MERCIER.

Afin d’assurer un office aux ouvriers qui devaient surveiller les cuves de fermentation le dimanche, une messe particulière était dite à 5 heures du matin par un prêtre étranger. Le plus souvent c’était un jeune abbé de Bonne Espérance qui remplissait cette mission. Arrivé la veille, il logeait à la cure et repartait le lendemain matin.

De nouveaux bâtiments (appelés de nos jours « Cour du baron ») furent érigés en 1853. Ils servirent de sellerie, remises à voitures, écuries et maison du garde chasse. Ils étaient surmontés d’un clocheton dont la cloche servait à régler les heures de travail de la distillerie ainsi que celles des ouvriers occupés aux champs à la culture des 68 hectares exploités pour le compte du baron. Les transports des récoltes et des produits de la distillerie étaient assurés par des boeufs.

Tout alla bien jusqu’en 1864 lorsque, suite à la dénonciation d’un ouvrier, dit-on, l’Administration des Accises parvint à découvrir, sous la distillerie officielle, une distillerie clandestine. A l’issue d’un procès qui fit grand bruit dans la région, le baron fut condamné à une peine d’un an d’emprisonnement ainsi qu’à une amende de 440.000 francs. Certains biens furent, par ailleurs, confisqués. Les condamnations patrimoniales mirent sa trésorerie en péril à un point tel que, ne pouvant plus honorer ses créanciers, il fut déclaré en faillite après qu’un concordat lui ait été refusé…

Toutes les propriétés du baron furent vendues. Celui-ci se retira dans une propriété de sa famille dans la région de Baudour. Cette déchéance du baron amena une décadence momentanée du village de Saint-Symphorien dont la population retomba sous les 1000 habitants.

Des installations clandestines, il reste quelques caves ainsi qu’une grande pièce voûtée de quelques 20 mètres sur 7 mètres ressemblant étrangement à une crypte. A la fin du XIXème siècle ainsi que durant la première moitié du XXème siècle, on y cultiva le chicon.

[Textes réalisés sur base des archives de la famille MARCQ]

Extrait épuré du plan cadastral POPP (circa 1860).
Les bâtiments (superbement restaurés au début du XXIème siècle) érigés en 1855 avec le clocheton règlant les heures de travail. Cet ensemble est appelé de nos jours « Cour du baron ».
Entrée actuelle de la distillerie clandestine du baron.
Le boyau d’accès.
De nombreuses caves ont été murées.
La pièce principale ou la « crypte ».
Des relevés et des sondages sont actuellement en cours de réalisation.
Plusieurs accès ont été murés.
Que recèlent ces espaces condamnés ?
De belles colonnes en pierre taillée.
Des soupiraux assurent une certaine ventilation.
Un lieu d’aspect « monacal » sous un certain éclairage…
D’étranges moines au travail.
Le sol initial a été recouvert d’une couche de terre d’environ un mètre en raison de la culture du chicon. Quelques 140 mètres cube de terre devraient être évacués pour retrouver le niveau de base.
Une ancienne citerne ou cuve jouxte la « crypte ».
La sortie de ce monde souterrain bien mystérieux.
Premier croquis des lieux.
« La cour du baron » – aquarelle de Jean-Pierre Saudoyer, artiste symphorinois.

©Texte de Bernard Detry

Fait baron par Louis XV.

L’histoire de notre village croise celle des rois de France en 1747.

Nous avons fait référence au chapitre Histoire ainsi qu’à la rubrique « Armoiries symphorinoises » du chapitre Patrimoine à l’étude réalisée par le cercle HERALDUS de Mons relative aux Ordres religieux, Chevaliers et Seigneurs de Saint-Symphorien. Nous développerons dans la présente rubrique l’origine du titre de « baron de Saint-Symphorien » et celle de son château.

Charles-Alexandre BERNARD, comte de Bailleul, seigneur d’Esquelmes, Bettignies et Saint-Symphorien vendit ladite seigneurie de Saint-Symphorien en 1708 à Jérôme-Aloïs ROBERT, écuyer, seigneur de Choisy qui y fit construire l’actuel château (figure 1) et installer dans ce dernier une cheminée à chenets surmontée d’un grand manteau portant les armoiries des ROBERT et le millésime 1708. Les mêmes armoiries (figures 2) figurent également sur le caveau familial dans l’ancien cimetière autour de l’église (aucun membre de la famille ROBERT n’y est toutefois enterré – figure 3). En langage héraldique les armoiries de la famille ROBERT se lisent : « « De sable à trois couleuvres ou serpents ondoyant(e)s en pal d’or, languées de gueules, posées 2, 1 ; au chef cousu d’azur, chargé de trois colombes éployées et rangées d’argent, becquées de gueules ». Devise de la famille : « SAPERE SIMPLICITER ».

Un des fils de Jérôme-Aloïs, Charles-Pierre-Joseph ROBERT fut nommé baron de Saint-Symphorien et de Gondecourt par lettres du roi de France Louis XV datées de septembre 1747 du camp de Hamal (environs de Tongres – figures 4, 5 et 6).
Le dernier descendant de la famille ROBERT qui occupa le château fut Charles-Jules-Henri, baron de Saint-Symphorien, né à Mons le 20 mai 1818, marié le 21 janvier 1844 à Isabelle-Louise-Françoise-Charlotte DUVIVIER.
Charles-Jules-Henri fut installé bourgmestre de Saint-Symphorien le 26 septembre 1852. C’est de lui dont il est question à la rubrique précédente relative à la distillerie.

Le château fut agrandi de l’aile gauche constituée d’une simple rez-de-chaussée pour servir de salle de banquet lors du mariage de la fille du Baron, la nommée Elise de Saint-Symphorien avec Pijke de ten Aerden, le 1er mai 1865.

Le dernier descendant mâle de la lignée des barons de Saint-Symphorien fut Henri-Emmanuël-Vincent-Marie, né à Ghlin, le 6 février 1849. Il décéda sans laisser d’héritiers de sexe masculin. Le titre de baron de Saint-Symphorien tomba ainsi en déshérence.

Fig. 1 – Le château photographié depuis l’extrêmité de la rue Eleuthère MERCIER.
Fig. 2 – Armoiries des barons de Saint-Symphorien.
Fig. 3 – Le blason du baron figurant sur le caveau de famille.
Fig. 4 – Plan du camp de Hamal du roi Louis XV (Publication Paris 1750).
Fig. 5 – Louis XV, roi de France.
Fig. 6 – Le château de Hamal près de Tongres dans lequel, vraisemblablement, Louis XV signa les lettres conférant le titre de baron de Saint-Symphorien.

©Texte de Bernard Detry

La place Saint-Jean.

L’ordre de Malte exerçait sa pleine juridiction sur une partie de l’actuelle place du village, portion dénommée Place Saint-Jean sur laquelle était érigé un pilori.

Le droit de Seigneurie sur la Grand’Place était partagé entre le seigneur de Saint-Symphorien et les Dames d’Epinlieu. Cependant, l’Ordre de Malte avait pleine juridiction sur une enclave d’une superficie de trois verges et demi (soit une quinzaine d’ares) délimitée par trois puis quatre bornes, et au centre de laquelle se trouvait un tilleul portant le carcan de l’Ordre de Malte. Cet arbre servit en premier lieu de pilori. 

C’était « le tilleul Saint-Jean » et la petite place où étaient prononcées et exécutées les sentences du Commandeur de l’Ordre de Malte était dénommée « Place Saint-Jean ».

Le tilleul Saint-Jean ayant dépéri par suite de vétusté, il fut remplacé le 27 août 1705 par un pilori en pierre auquel était attaché un carcan en fer sur lequel étaient gravés les mots suivants : « Carcan de la Seigneurie de Saint-Jean de Jérusalem ». Le pilori fut érigé face à l’église. L’ensemble de la place Saint-Jean était délimité par des bornes dont on trouve trace aujourd’hui encore.

Le pilori est un dispositif destiné à exposer un condamné à l’infamie. Il pouvait prendre diverses formes : simple poteau de bois ou colonne de pierre. Un carcan y était fixé, l’autre extrêmité étant attachée au cou du supplicié.
Reconstitution de l’aire de la Place Saint-Jean.
La Place Saint-Jean faisait face à l’église.
Les bornes encore visibles aujourd’hui sur la Place.
Extrêmité Nord (en entrant sur la Place).
Extrêmité Sud (contre l’église)
A la ferme FLIEMET ou cense des Templiers de Frameries, dont la construction est contemporaine à la cense de l’Ordre de Malte de Saint-Symphorien (ferme PECHER – voir supra rubrique « L’ordre de Malte »), se trouve un pilori aux armes de Fleury. Cet ouvrage donne une idée du style de pilori érigé sur notre Place Saint-Jean.

©Texte de Bernard Detry

Le Grand Tour.

Evocation artistique de la procession multiséculaire de notre village.

Nous avons vu au chapitre Vie Associative – La Confrérie, toute l’importance que revêtait pour les symphorinois le Grand Tour, cette procession très ancienne parcourant pendant 15 kilomètres, dès six heures du matin, le jeudi suivant la Pentecôte, les limites de notre village de Saint-Symphorien.

Les participants quittent l’église à 06.00h et empruntent l’itinéraire suivant :

– rue François Marcq, chaussée Roi Baudouin pour la chapelle sise “Taille Cuvelier”, vers 06h35 ;
– chemin à Baraques, sentier Brulotte, rue P.Dufour – arrêt à la chapelle du Cerneau, vers 07h15 ;
– rue J. Antheunis, avec arrêt à la chapelle “N-D de Fatima”, vers 07h30;
– rue des Résistants et chemin d’Havré, avec arrêt au “Calvaire”, vers 07h50 ;
– rue Blancart avec arrêt à la chapelle “N-D des Sept Douleurs”, vers 08.00h ;
– chemin Saint-Drion avec arrêt au cimetière militaire, vers 8h15 ;
– rue A. Duquesne en direction de la barrière de Spiennes. Pause de 08h45 à 09h45 ;
– chaussée de Beaumont en direction de Mons, chemin des Vaches, cité du Bois de Mons ;
– rue P. Dunan, avenue G. Maigret avec arrêt à la chapelle “N-D de Lourdes” vers 10h30 ;
– rue F. Maigret et la Place vers 11.00 heures.

Nous vous proposons une évocation artistique du Grand Tour constituée d’aquarelles réalisées par Gérard Noirfalise (noirfaliseg@yahoo.fr) à l’occasion de l’exposition commémorant le 830ème anniversaire de l’arrivée de la châsse dans le village.

Le tracé de la procession suggéré sur une carte de 1777.
Chaussée du Roi Baudouin – 06.20 heures.
Chemin à Baraques – 06.45 heures.
Chemin Brûlotte – 07.00 heures.
Chemin Saint-Drion – 08.15 heures.
Barrière de Spiennes – 10.00 heures.
Retour de la châsse Place du village et église – 11.15 heures
Trois jours plus tard, dimanche de la Trinité : participation à la procession du Car d’Or de Mons.

©Texte de Bernard Detry

Au XVème siècle.

Gérard Noirfalise a remarquablement reconstitué dans une aquarelle ce que pouvait être le village de Saint-Symphorien au XVème siècle. L’occasion de nous y plonger.

Il n’est pas inutile d’élargir notre vision et de replacer la vie de notre village dans son contexte historique du XVème siècle.

Le terme « Renaissance » qu’on applique traditionnellement aux XVème et XVIème siècles est trop étroit pour définir dans toute sa vigueur la grande révolution qui se situe à cette époque.

Aux XVème et XVIème siècles naît le Monde Moderne. Les découvertes géographiques ne renversent pas l’évolution économique ; le stade de l’économie urbaine était déjà dépassé avant elles. Mais elles accélèrent et amplifient le mouvement.

Les succès de la Réforme (Luther et Calvin) ne peuvent être séparés du contexte social et économique. L’industrialisation croissante et les progrès du capitalisme avaient provoqué l’apparition d’un prolétariat qui voit dans les doctrines nouvelles l’unique issue à sa misère. C’est peut-être là que réside la différence essentielle entre les hérésies du Moyen-Age et le protestantisme.

Au Moyen-Age, quelques clercs avaient toujours conservé de l’intérêt pour l’antiquité. Au XVème siècle, cet intérêt s’infiltre dans des milieux plus larges. Il leur apporte la révélation d’un nouveau type d’homme, qui n’est pas simplement copié des Grecs ou des Romains, mais qui tend à s’émanciper de l’esprit médiéval et de sa ferveur chrétienne.

En même temps, le Monde Moderne découvre l’Etat. Le droit romain, l’esprit de centralisation et les aspirations à l’hégémonie avaient agi dès les XIIème et XIIIème siècle, et dès cette époque, les puissances temporelles s’étaient servies de la religion à des fins politiques. Mais aux XVème et XVIème siècles, l’esprit est autre. Le souverain, qui n’est plus bridé par des principes féodaux ou théologiques, est reconnu comme source de droit. On identifie sa personne avec l’Etat, et ses rêves de domination, qu’un système d’alliance doit aider à réaliser, n’ont plus en vue le bien commun de ses sujets mais la grandeur de l’Etat.

L’emploi généralisé de l’artillerie obligea les villes à édifier des remparts plus solides et les châteaux à renforcer leurs défenses. Les multiples conflits du XVIème siècle entraînèrent de nombreuses destructions. Le château perdit progressivement sa fonction militaire ; celle-ci fut limitée à une action plus symbolique que réelle.

Dans le village de Saint-Symphorien, la vie paraît plus calme. La seigneurie du village est aux mains de la famille GHELET dont un des membres, Jean, sera échevin à Mons en 1437, 1450, 1452 à 1456 et chef échevin en 1457, 1459, 1463 à 1466, 1468 à 1472. Jean Ghelet meurt en 1481 et est enterré en l’église Saint-Nicolas à Mons (source cercle Heraldus de Mons).

Au point de vue relidieux, l’Ordre de Malte dont « l’hospital » càd le siège où, originairement, les fidèles de retour des croisades étaient accueillis, est établi dans le village à l’emplacement de ce qui deviendra au XVIIIème siècle la cense de l’Ordre. Voyez la rubrique à ce propos et constatez l’emplacement des bâtiments de l’Ordre sur l’évocation de Gérard Noirfalise et le plan cadastral ci-dessous. Le combat d’influence entre l’Ordre et l’abbaye d’Epinlieu fait rage. De nombreux litiges seront tranchés par la Cour du Hainaut. 

Comme nous l’avons vu dans l’introduction historique, le droit (romain) prend une place décisive dans les rapports entre les individus et « les institutions » (ordres religieux, seigneurs locaux voire institutions entre elles et particuliers entre eux). Les archives de l’Etat à Mons possèdent de nombreux écrits attestant des litiges tranchés à cette époque et d’actes juridiques conclus.

Pour illustrer notre propos nous mentionnerons : 
– la sentence rendue le 9 novembre 1388 par la Cour de Justice du Hainaut au sujet de coups portés au bailli d’Epinlieu par ordre du Commandeur de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem en Hainaut et Cambresis ;
– jugement rendu le 23 décembre 1461 au château de Mons sur un différend entre l’abbaye d’Epinlieu et Jean GHELET au sujet « du terrage et de la haute justice de Saint-Symphorien » ;
– 1490 : sentence au profit du Commandeur de l’Ordre concernant « l’affermage de la bière à Saint-Symphorien » ;
– 19 mai 1501 : bail à ferme de l’immeuble abritant l’hôpital de Saint-Jean de Jérusalem (Ordre de Malte), maison, colombier et dépendances octoyé, pour 18 ans, à Estiévenne WILLEMART, laboureur demeurant à Saint-Symphorien ;

Le XVIème siècle connaîtra de très nombreux litiges entre les trois « pouvoirs locaux » à savoir l’Ordre de Malte, l’abbaye d’Epinlieu et le seigneur de Saint-Symphorien.

Le triomphe (provisoire) du droit sur la force…

Evocation du village – aquarelle de Gérard Noirfalise.
Plan cadastral dit « primitif » du début du XIXème siècle sur lequel ont été ajoutées des indications que l’on retrouve dans l’évocation ci-dessus.
Construction d’une tour à Avesnes par le seigneur Gossuin d’Oisy.
Scène d’adoubement. La cérémonie de l’adoubement du chevalier c’est-à-dire de la remise de l’équipement militaire, fut considérée comme un rite de passage.

©Texte de Bernard Detry

La ferme gallo-romaine.

Une campagne de fouilles entreprise en décembre 1950 et poursuivie du 12 au 27 janvier 1951 permit de mettre à jours des fondations gallo-romaines ainsi que 663 objets divers datant du IIème siècle après J-C.

La relation complète des fouilles a été effectuée par J. Mertens dans une étude parue dans les Annales du Cercle Archéologique de Mons – 1950/1953 – Tome 62 – pages 59 à 78. Le texte intégral de cet article se trouve dans la Bibliothèque rubrique « Actes et documents anciens ».

En juin 1888, dans une carrière à phosphate sise entre l’ancien moulin à vent de Saint-Symphorien (rue Blancart) et le village (à environ 500 mètres en deçà de l’actuelle Chaussée Roi Baudouin) furent découvertes des fondations romaines. Un groupe d’archéologues composé de MM. de Loë, de la Roche, Saintenoy, de Munck et van Sulper se rendit sur les lieux et fit les constatations d’usage. Parmi les débris recueillis à l’époque, citons, outre les matériaux de construction, des tessons de vases de toutes formes et de toutes couleurs ainsi qu’un fragment de tuile portant l’empreinte d’une patte de chien ou de chat. Y fut également découvert un tesson de tasse en terre sigillée portant la marque du potier VIMPUS. Les archéologues mirent fin à leurs fouilles en insistant sur le fait que d’autres fondations romaines restaient encore à mettre à jour dans les environs immédiats.

Ce n’est qu’en décembre 1950 ainsi que du 12 au 27 janvier 1951 que de nouvelles fouilles furent entreprises à proximité du lieu des premières découvertes réalisées le siècle précédent. La parcelle qui fut cette fois analysée de manière systématique est reprise aux cartes constituant les figures 1 à 3 ci-dessous. A l’initiative de ces nouvelles fouilles se trouvaient MM. J. Mertens, Houzeau de Lehaie et Lefort (surveillant au « Musée du Silex » de Spiennes).

Toutes les fondations romaines de Saint-Symphorien reposaient à un peu plus d’un mètre à peine de profondeur et se trouvaient dans le limon récent. Dix-huit tranchées furent réalisées lors de cette nouvelle campagne de fouilles (figures 4 et 5).

Quant aux objets découverts, ils furent de nature diverse. L’inventaire complet des trouvailles comportait 663 numéros dont la grande majorité faisait référence à des tessons de poterie. Citons à titre d’exemple :
1. objets en métal : une pièce de monnaie en bronze de Trajan (98-117), une broche en bronze, des clous en fer forgé ainsi que l’objet représenté à la figure 6 (entrave de cheval ?) ;
2. objets en verre : trois fragments de cruches carrées en verre bleu verdâtre (IIème siècle) ;
3. de nombreux fragments de céramiques des Ier et IIème siècle, de petites cruches, des poteries en terre grise (figure 7 : céramiques en terre sigillée) ;
4. ossements de chien, chat, chèvre, mouton, porc, cheval, défense de sanglier ;
5. objets divers (fragments de meule) et matériaux de construction (fragment de tuile portant l’empreinte d’une patte de chien – cf. supra la première campagne de fouilles de 1888).

L’analyse des objets découverts permet de conclure que le bâtiment dont les fondations furent mises à jour a été occupé par de modestes paysans durant tout le IIème siècle et jusqu’au début du IIIème. Le bâtiment même présente un plan des plus simples (figure 8). La longueur totale est de 20,60 mètres, la largeur n’étant pas connue (fondations démolies lors de l’exploitation de la carrière). Les faces Ouest, Nord et Est sont délimitées par des murs droits tandis que dans la zone méridionale, vraisemblablement la façade, les deux ailes dépassent largement la partie centrale. Cette disposition est courante dans les villas romaines quoiqu’en général les saillies soient moins marquées ; souvent les deux ailes sont reliées par une galerie couverte. A Saint-Symphorien, celle-ci ne reliait pas les deux ailes (aucune trace de mur bas servant de socle). Les deux ailes sont exactement de la même largeur de 5,20 mètres. Malheureusement, leur longueur reste inconnue, puisqu’elles ont été démolies lors de l’exploitation des phosphates. La largeur de la partie centrale est également de 5,20 mètres de sorte que nous avons ici en réalité un long couloir divisé en trois partie entourant une cour centrale, ouverte ( ?) vers le Sud. 

Les déchets de cuisine, les ossements d’animaux etc., indiquent que ce bâtiment a servi d’habitation. Ne lui donnons pas le nom de villa ; c’était plutôt une petite ferme toute simple, de plan pratique pour un climat comme le nôtre : il s’agit de s’abriter des vents d’Ouest et du Nord et la façade avec la porte et la cour intérieure donnent en plein midi. 

La raison de l’abandon de l’édifice restera inconnu.

Encore une belle histoire…

Dernière nouvelle : le 4 janvier 2011, une habitant du village, M. Vincent Ronquier, découvrit sur le territoire du village, une pièce romaine datant de la République sous Jules César !
Pour les spécialistes, il s’agit d’un « quinaire de Fulvie » en argent. Seulement 32 de ces pièces furent, à ce jour, trouvées dans le monde. Pour plus d’informations concernant cette pièce, voyez :
http://www.cgb.fr/monnaies/vso/v25/fr/monnaiesb55b.html

Figure 1. – Le site des fouilles de la campagne 1950-1951 indiqué sur un plan cadastral Popp (environ 1860).
Figure 2. – Le site des fouilles indiqué sur une carte IGN ( 1994).
Figure 3. – Le site des fouilles indiqué sur un plan des rues ( 2000).
Figure 4. – Plan général des fouilles.
Figure 5. – Coupe dans la tranchée I.
Figure 6. – Objet en fer forgé (entrave de cheval ?).
Figure 7. – Fragments de céramiques.
Figure 8. – Plan des fondations mises à jour.
Figure 9. – Vue du site de nos jours.
Figure 10. – Pièce romaine découverte par M. Vincent Ronquier.
Figure 11. – Idem.

©Texte de Bernard Detry

La bataille de 1572.

Le 9 septembre 1572 Saint-Symphorien fut le théatre d’affrontements entre les armées du Prince d’Orange et du duc d’Albe.

Schéma chronologique de la rubrique :
1 – 24 mai 1572 : la place forte de Mons est prise « par ruse » par Louis de Nasseau (Hollande),
2 – 23 juin 1572 : la ville de Mons détenue par Louis de Nasseau est assiégée par le duc d’Albe (Espagne) en vue de la libérer,
3 – septembre 1572 : Guillaume d’Orange fait campagne pour délivrer son frère Louis assiégé.


Durant la campagne de septembre 1572, l’armée du prince Guillaume d’Orange venu au secours de son frère Louis de Nasseau campa sur le territoire du village de Saint-Symphorien.

La gravure représentée ci-dessous se rapporte à une manœuvre tentée le 8 septembre 1572 en vue de dégager les assiégés. On découvre, à la gauche de l’image, venant de Saint-Symphorien, l’armée du Prince d’Orange précédée de l’artillerie s’avançant vers les défenses espagnoles.
A l’avant plan, la cavalerie du prince affronte les fantassins du duc d’Albe, ces derniers appuyés par des arquebuses et des canons placés derrière un talus.
Au centre, légèrement sur la droite, on constate que les soldats espagnols reculent tandis que la cavalerie du duc d’Albe vient à leur secours. Trois compagnies de lanciers, tenues en réserves, encadrent le duc.

Le lendemain, soit le 9 septembre 1572 eut lieu, entre Harmignies et Saint-Symphorien, une nouvelle bataille entre les troupes espagnoles et l’armée du prince d’Orange. Le village d’Harmignies fut mis a sac par l’armée espagnole victorieuse de la confrontation.

[Sources : Ronald de Graaf, Oorlog mijn arme schapen, 171 – Gravure et légende : Images de Mons en Hainaut, La Renaissance du Livre 2006)]

Le lieu de la bataille mentionné sur une carte de 1777
Le siège de Mons en 1572 – Gravure de François Hogenberg (fin du XVIème siècle).
Les protagonistes : le prince d’Orange et le duc d’Albe (assemblage de détails).

©Texte de Bernard Detry

L’ordre de Malte

Aussi loin que l’on puisse remonter dans les écrits, on constate que l’Ordre est omniprésent au sein du village aussi bien sous l’aspect temporel (protection des personnes et des biens, terres, fermes, moulin…) que spirituel (culte, église).

Selon les chroniqueurs, des marchands de l’ancienne république d’Amalfi ont obtenu du calife d’Egypte l’autorisation de construire à Jérusalem une église, un couvent et un hôpital destinés à soigner les pèlerins malades – sans distinction de race ou de religion. Les Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem – la communauté monastique qui administrait l’hôpital pour les pèlerins en Terre Sainte – deviennent un Ordre religieux, indépendant, sous la conduite du bienheureux Gérard. En effet, par une bulle papale promulguée le 15 février 1113, le Pape Pascal II consacra la fondation de l’Ordre et le plaça sous la protection du Saint-Siège, lui assurant le droit d’élire ses chefs sans l’intervention d’aucune autre autorité ecclésiastique ou laïque. En vertu de cette bulle papale, l’hôpital devint un Ordre religieux exempt de l’Eglise.

Le rôle de l’Ordre était de soigner et de défendre les malades et les pèlerins dans les territoires que les croisés avaient conquis aux musulmans. L’Ordre devint ainsi à la fois religieux et militaire. Tous ses Chevaliers étaient des religieux liés par les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.

L’Ordre adopta la croix blanche à huit pointes qui est encore aujourd’hui le symbole de St-Jean, et élargît sa mission à la défense de la chrétienté.

Dernier témoin architectural important attestant la présence de l’Ordre dans le village de Saint-Symphorien, les vestiges de l’imposante ferme située le long de la Chaussée Roi Baudouin, dite « Ferme Pêcher », dont la construction remonte au tout début du XVIIIème siècle. Elle comportait, outre sa ferme agricole, une chapelle, une forge, un four à pain et une brasserie des moines. Ces bâtiments étaient en leur temps visibles entre les numéros 93 et 105 de l’ancienne Chaussée de Binche. Il y a une vingtaine d’années, la grange (datée de l’an 1700 sur son pignon) fut pour partie incendiée et le propriétaire en décida la démolition… Hormis quelques dépendances magnifiquement préservées par un particulier, les autres bâtiments sont aujourd’hui modernisés et abritent les ateliers de boulangerie Dhondt tandis que les établissements Acar occupent partiellement l’ancienne forge et la brasserie.

Il convient de mentionner également que dans l’immeuble de la place occupé actuellement par le restaurant « Au Coq wallon », sur la cheminée de la première pièce, figurent des armoiries attestant la présence de l’Ordre dans le village. Ce blason (figure 3) est celui de Jean, André, Hercule de Rosset, duc de Fleury, marquis de Rocozel.
En réalité tout s’explique lorque l’on découvre que cet immeuble servi de cure aux XVII et XVIIIèmes siècles et que de 1692 à 1712, le curé de la paroisse qui l’occupait, un certain Nicolas NICODEME, était lui-même membre de l’Ordre.
Signalons aussi que sur la porte d’entrée figurait l’inscription suivante : « Alphonse, Prince de Lorraine, chef d’escadre – Commandeur du Hainaut 1704 ». L’histoire nous apprend que ce Prince fut tuée dans un combat naval devant Gibraltar le 24 août 1704.

Enfin, clôturons cette rubrique en faisant mention de la présence d’un autre symbôle de l’Ordre dans le porche de l’église, un agneau mystique ornant la clé de voute datant XVIe siècle.

Vestige de la présence de l’Ordre au sein du village, ce détail de la porte de la sacristie de l’église…
… et ce blason sur la cheminée de la première pièce du restaurant de la Place dit « Au Coq Wallon ».
Les bâtiments de la ferme PECHER (Cense ou ferme de l’Ordre de Malte) tels que figurant sur les anciens plans cadastraux dressés par F. LEROY au début du XIXème siècle. Comparaison très intéressante avec le plan suivant réalisé plus d’un siècle auparavant.
Plan vraisemblablement réalisé en vue de la construction de la ferme. Datation probable : fin du XVIIème siècle.
Cette photographie de la grange et de l’entrée de la ferme de l’Ordre de Malte date de l’époque où le tram circulait encore le long de la chaussée (probablement les années 50).
La grange (portant l’année 1700 sur la façade) vue de l’intérieur de la cour de la ferme.
Détail du plan de la chapelle dédié à Saint Jean avec positionnement de l’autel. La chapelle fut hélas démolie à la fin du XVIIIème – début du XIXème siècle …
Emplacement de l’ancienne chapelle St-Jean. 
Le mur actuel recèle des pierres de fondations.
La chapelle Saint-Jean représentée sur la carte de Ferraris de 1775 (nous avons ajouté l’indication).
Clé de voute du porche de l’église (XVIe siècle).

©Texte de Bernard Detry

Un cousin abandonné.

A une dizaine de kilomètres à l’est de la ville de Sisteron (Alpes de Haute-Provence) se trouve l’attachant village de Saint-Symphorien abandonné de tous.

La route venant de la vallée de la Durance tourne dans les bois en franchissant de petit cols. Soudain apparaît la vallé du Vançon. Vaste site ou s’inscrit, inattendue, l’arche angulaire d’un pont.
Le pont de la Reine Jeanne. Il est devant vous et, d’un saut hardi et vigoureux, franchit le torrent du Vançon. Un torrent vif, bien nourri, drainant depuis les Monges un immense pays. Au fond de cette clue que dominent au loin les hautes barres de Trénon n’habite que la solitude. Il n’y a personne autour de vous. Si, il y a le pont de sublime beauté et l’on perçoit sa présence comme un être de vie et de chair.

Le pont franchi, le chemin vous porte pédestrement à Saint-Symphorien, village abandonné de tous. Ces cinquante dernières années n’y habitait plus qu’une seule famille : le dernier des Bayle en fermant les yeux a livré le village à l’oubli. N’y résident plus actuellement que le soleil et le vent, ce vent qui use inlassablement de sa force aveugle les églises désertes et les maisons esseulées.

Et si des amoureux de vieilles pierres sauvaient ce cousin abandonné ?
Prêt pour l’aventure ? Contactez-nous : symphorinois@skynet.be 

Juillet 2008 : une maison est en construction à l’entrée du village. Serait-ce un gîte qui redonnerait vie aux lieux ? Espérons le…

En quittant Sisteron, nous traversons la Durance…
… et les cultures de la vallée.
Blotti dans une autre vallée, celle du Vançon …
… le pont de la Reine Jeanne …
… que vous franchirez à pied pour rejoindre Saint-Symphorien après une demi heure de marche.
Il ne reste plus qu’un village en ruines..
… que vous découvrirez dans un silence émouvant.
Quelques murs subsistent dont la façade de l’école construite en 1881.
Un banc attend les amoureux.
Un merveilleux endroit dessiné par Paul Maudonnet vers 1970.
La carte au trésor.

©Texte de Bernard Detry

Images d’un passé simple.

Des photographies anciennes du village.

Cette rubrique, présentée en trois parties, est réalisée grâce à des photographies et documents anciens mis à notre disposition par les symphorinois. Des images retrouvées dans de vieux albums, des greniers ou des brocantes qui évoquent un passé dans lequel il faisait bon vivre.
De très nombreux documents sont à connotation religieuse. Il ne s’agit pas d’un choix délibéré mais de la simple constatation de l’importance du « Sacré » dans le vécu populaire quotidien d’antan.

En 1930, le centenaire de l’indépendance de la Belgique fut commémoré. A cette occasion, une centaine de symphorinois furent réunis et prirent la pose devant l’ancienne maison communale. Les drapeaux des diverses corporations ou associations étaient mis à l’honneur et une indication « Saint-Symphorien 1830 – 1930 » avait été apposée au-dessus de la porte d’entrée de l’immeuble communal.
Peut-être, en y regardant de plus près, reconnaîtrez-vous un parent ou un vieil ami. En tout cas, on distingue immédiatement le Roi des Archers de l’année 1930 lequel porte fièrement son collier en argent (cf. infra la « Vie associative »).
Des militaires, des miliciens et des musiciens entre autres. Ces photographies du centenaire nous ont été fort aimablement prêtées par la famille Bautière-Marozzo.
Les élèves de l’enseignement communal et catholique de l’époque posèrent également pour la circonstance. Nous avons vu que l’ancienne maison communale est aujourd’hui le siège social du Groupe Renmans S.A. On constate qu’à l’époque, la façade comprenait un fronton sur lequel les mots « Maison communale » étaient apposés.
A gauche, les élèves de l’Ecole Communale.
A droite, les élèves de l’Ecole Catholique. L’école libre des « Filles de la Sagesse » vit le jour en 1902.
Aux chapitres « Histoire » et « Découverte Nature », nous avons parlé de l’importance de l’exploitation des carrières de phosphate pour le village à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Ici, une vue d’ensemble de « La Société Anonyme des Phosphates de et à St-Symphorien ».
La cour de l’exploitation et les moyens de transports : le petit train à vapeur et les chevaux. Documents aimablement mis à notre disposition par la famille BIENFAIT.
Ce petit train pouvait emprunter le réseau du tram à vapeur. Voyez également ci-dessus au chapitre « Chroniques anciennes », la rubrique consacrée aux anciens transports.
Livraison de fûts par la brasserie.
L’ancien immeuble Sébille aujourd’hui école libre des Filles de la Sagesse (et couvent).
Le Petit Pavé.
Les Quatre Pavés.
Le bureau de Poste.
Livraison de tabac d’Obourg (1911).
Même scène
Festivités sur la Place.
Même scène.

©Texte de Bernard Detry